29.11.2015 - Après avoir sabré dans la francisation des immigrants, Couillard va-t-il angliciser les réfugiés syriens ?

Une fois que les Québécois auront accueilli à bras ouverts les milliers de réfugiés syriens, selon leur générosité proverbiale, il faudra se poser la question : seront-ils anglicisés comme l’ont été les immigrants sous le gouvernement libéral de Jean Charest ? Aux élections d’avril 2014, Pauline Marois s’était désolée dans sa péroraison finale que la question du français fut évincée de la campagne.

Remarque judicieuse, car il était évident que Philippe Couillard, successeur de Jean Charest, avait intérêt à tuer le sujet, vu la béance de son indifférence vis-à-vis l’avenir du français dont on a eu un aperçu inquiétant au second débat des chefs. Et vu aussi le bilan accablant de son prédécesseur au sujet de la francisation des nouveaux Québécois qu’on pourrait résumer ainsi : plus on accueillait d’immigrants, plus on les anglicisait.

Petit rappel des faits.

La politique d’anglicisation des libéraux visait, à plus ou moins long terme, à modifier le caractère français du Québec en faveur de l’anglais. La statistique était implacable. Des 49 489 immigrés accueillis en 2009 (la population d’une ville moyenne de province), à peine 25 % suivaient des cours de français, alors que 40 % les boudaient carrément au vu et au su du gouvernement libéral.

« On progresse en matière de francisation », s’entêtait pourtant à dire Yolande James, ministre responsable de l’immigration. La réalité était tout autre. Débarqués chez nous en baragouinant deux ou trois mots de français, ou pas un seul, les migrants ne le parlaient toujours pas des mois après leur arrivée. Ils pouvaient remercier Jean Charest qui faisait reposer la francisation sur l’incitation, la bonne volonté, la tape dans le dos, le tout sourire… C’était la porte grande ouverte à l’anglicisation à cause de la force d’attraction de l’anglais nord-américain.

Aux États-Unis, en France, en Allemagne et en Angleterre, la connaissance de la langue commune, anglaise, française ou allemande, est obligatoire pour tout immigrant. Alors qu’au Québec des libéraux, il n’était pas nécessaire d’apprendre le français même s’il s’agissait de la langue commune. Mais ce n’était pas cette petite « contrariété » qui allait les faire renoncer à leur politique visant à angliciser l’immigration et la société québécoise par ricochet.

En effet, des cours de français, il y en aurait de moins en moins. Objectif du gouvernement Charest : abolir le maximum de classes de francisation en évitant toutefois de soulever la tempête chez les « angoissés de la langue », pour reprendre l’expression de l’une des « plumes » de La Presse, Alain Dubuc. Connecté au milieu des affaires qui avaient combattu bec et ongles la Charte du français (loi 101) adoptée, 30 ans plus tôt, par René Lévesque, le scribe tombait dans la dérision propre à ceux que le même René Lévesque appelait « nos exilés de l’intérieur ».

Sous prétexte de coupes budgétaires, la ministre Yolande James ferma donc 30 classes de francisation à temps complet, puis quelque temps plus tard, 35 autres classes destinées, celles-là, aux travailleurs immigrants. Cette dernière coupe allait faire épargner à l’État 600 000 $ dollars sur un budget de… 72$ millions. « Une économie de bout de chandelles », s’insurgea l’Opposition péquiste, scandalisée.

Aux journalistes intrigués par ces compressions, car ils constataient tous les jours l’incapacité d’un grand nombre d’allophones de s’exprimer en français, la ministre babilla : « Les immigrants peuvent toujours décider d’apprendre le français par eux-mêmes… » Elle en était rendue aux expédients. Pourtant, les experts avaient calculé qu’à Montréal, plus de la moitié des travailleurs immigrants ne parlaient pas un traître mot de français.

 

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