28.11.2015 - Le Chef Picard et la partition

[Note du Bonnet : nous recommandons, dans la section "commentaires" de Vigile.net d'où la chronique suivante est issue, le bref décryptage de notre ami Gilles Verrier, auteur de plusieurs articles d'une grande pertinence et d'une froide lucidité parus dans notre rubrique "Courrier des lecteurs". Il y explique parfaitement la stratégie du Canada anglais du divide et impera derrière les revendications innues, ainsi que les raisons pour lesquelles l'immobiliste PQ ne parvient pas à rallier les peuples autochtones du Québec.]

Le projet souverainiste a frappé le mur de la réalité en fin de semaine au Conseil national du Parti québécois : la partition du territoire évoqué par le chef des Premières nations, Ghislain Picard ; donnant prise à la menace déjà évoqué par l’État canadien. On était loin de la Grande alliance. Un dur rappel à la réalité. Bienvenue dans la realpolitik.

La réaction à la sortie du Chef Picard démontre que la direction politique du Parti Québécois baigne dans la confusion en ce qui à trait à ce que suppose la souveraineté. Particulièrement en matière de doctrine d’État, totalement absente du projet depuis le début.

Cette doctrine d’État eut-elle existé, la réponse à la menace sur l’intégrité du territoire aurait été simple.

En fait il s’agissait d’invoquer la Loi 99 (an 2000). Sur l’intégrité du territoire (art 9), et : sur la relation statutaire avec les Premières nation et Inuit, ( art. 11-12).

Sur cette relation devenue problématique entre notre État et les nations autochtones, il aurait été également bon de profiter du passage du Chef Picard pour faire un rappel pour inscrire cette relation dans une perspective historique : Un retour sur la Grande Alliance, si déterminante dans la naissance de notre nation. Faut il le rappeler, nos destins sont liés par la géographie depuis 1602.

En 1602, Henri IV a reçu en ambassade deux autochtones avec qui il a conclu une entente, de Nation à Nation. Champlain va revenir avec eux en 1603, et sceller l’alliance avec le Grand sagamos, Anadabijou. Les français obtiennent le droit de peupler et mettre en valeur le territoire. En contrepartie il doivent s’allier pour « imposer la paix à leurs ennemis ou faire la guerre à leurs cotés ». [1]

Un longue période de guerre s’ensuit.avant que la paix ne soit imposée : La Grande paix de 1701. [2]

Avec la défaite de la France sur notre territoire (1760) , nos nations ont perdu la maîtrise de leurs destins en même temps. Nos sorts étaient liés.

Désormais il y aura un acteur qui s’interposera entre nos nations : la Couronne britannique et ensuite l’État canadien. Pour la suite nos relations resteront floues.

Ce n’est qu’au moment ou le Québec se reconnaît comme un État de fait (de facto) en 1960 et se met à agir avec envergure (nationalisation de l’hydroélectricité) que notre relation reprends vie entre nos nations : le Traité de la Baie de James, la reconnaissance du statut de Nation par René Lévesque (1985), la Paix des Braves de 2001 (un écho de celle de 1701).

Autant de liens structurés qui résultent du fait que le Québec se comportait comme un État, et que cet État pouvait tirer vers le haut les nations de la Grande Alliance de 1603. Or le Québec est un demi État, annexé par la couronne britannique et réduit dans ses moyens. Imaginons ce que pourrait représenter pour ces nations autochtones un État optimisé, c’est à dire un État souverain !

Ce que le Chef Picard nous rappelle et qu’Il faut comprendre, c’est que les directions politiques des nations autochtones (et Inuit) sont d’abord au service des intérêts de leurs nations respectives ( il est bien qu’il en soit ainsi). Et ce qu’il faut rappeler, c’est qu’il en va de même pour notre nation.

Il faut leur faire comprendre, avec un rappel à l’histoire, que l’esprit de la Grande Alliance doit nous guider dans nos choix politiques et ramener ces choix à l’essentiel entre deux propositions de politiques d’État.

 

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