Le premier ministre Philippe Couillard a justifié hier la réforme du financement des centres de la petite enfance (CPE) et des garderies privées subventionnées, qui entraînera des coupes de 120 millions de dollars l'an prochain. Or, les acteurs du réseau soutiennent que ces coupes seront trois fois plus élevées, mettront en péril 5000 emplois et ne forceront rien de moins que la fermeture de la «vaste majorité» des services de garde.
«Nos services de garde auront l'air de squelettes: il n'y aura plus de chair, plus de muscles, juste la peau et les os», a déploré Julie Plamondon, présidente du Rassemblement des garderies privées du Québec (RGPQ), en point de presse. Les associations de CPE et de garderies privées ont fait front commun hier en refusant de participer à des discussions avec le gouvernement au sujet du financement des services de garde.
Les quatre associations allèguent que les coupes prévues par Québec s'élèvent à 320 millions et mettront au chômage de 20 à 25% des éducatrices en CPE et en garderies privées. Les dirigeants ont toutefois eu du mal à expliquer leur calcul en détail. «Ça nous a pris cinq rencontres pour comprendre les paramètres qui nous étaient présentés. [...] Quand on fait le calcul du financement des salaires du personnel éducatif, c'est là qu'on voit la coupe, c'est là qu'on voit que la mathématique ne fonctionne pas entre ce qui est exigé aux services aux familles et ce qui nous est financé», a expliqué Louis Senécal, président-directeur général de l'Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE).
Québec maintient que les compressions seront plutôt de 120 millions pour 2016-2017. Les subventions aux services de garde seront alors déterminées en fonction de ceux qui dépensent le moins par enfant. Québec parle de «la moyenne du tiers performant». S'ajoutent à cela les coupes de 74 millions de cette année et celles de 100 millions imposées en 2014-2015.
Pour le chef du Parti québécois, Pierre Karl Péladeau, «c'est du nivellement par le bas» qui ne tient pas compte de la qualité des services. «Le gouvernement s'évertue à affaiblir les CPE», a-t-il accusé.
«Il parle de nivellement par le bas, j'y vois plutôt une tentative de rehaussement vers le haut, vers les meilleures pratiques de gestion, le meilleur rapport entre l'investissement public et la qualité des services obtenus», a répliqué hier le premier ministre Philippe Couillard lors de la période des questions à l'Assemblée nationale. Il est selon lui «tout à fait correct de s'inspirer des meilleurs gestionnaires possible, d'avoir les services publics de la meilleure qualité possible au meilleur prix possible».
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