22.11.2015 - Allez, encore un peu d'ethnomasochisme par Philippe d'Arabie : le problème de cette majorité francophone

L’accueil par le Québec de réfugiés syriens a inspiré à Philippe Couillard des réflexions sur l’intolérance des peuples, intolérance sur les braises de laquelle il accuse le Parti québécois et la Coalition avenir Québec d’avoir soufflé. Des commentateurs y ont vu un dérapage partisan. Or, il n’a fait que révéler le fond de sa pensée.​

Dans son discours d’ouverture du conseil général du Parti libéral du Québec il y a une semaine, Philippe Couillard a lancé : « Non à la xénophobie et au racisme, non à la fermeture et l’exclusion, oui à l’accueil, oui à la citoyenneté partagée. » Le sujet : l’accueil des réfugiés syriens et une bannière déployée à Québec pour s’y opposer.

Le lendemain, dans son discours de clôture, le chef libéral s’enhardissait en parlant de l’intégration des nouveaux arrivants : il a dénoncé la proposition du PQ — en fait, de Jean-François Lisée — d’imposer un délai d’un an à un nouveau citoyen canadien avant qu’il obtienne le droit de vote au Québec, question d’empêcher Ottawa de tricher. Quant à la CAQ, Philippe Couillard lui reprochait cette idée aussi singulière qu’inapplicable d’imposer aux immigrants un examen de français et de « valeurs » trois ans après leur arrivée : un échec mènerait à l’expulsion.

Le PLQ se présente comme le parti « de l’inclusion », comme l’a dit son chef, « celui d’une citoyenneté ouverte et partagée ». Le corollaire, c’est que le PQ et la CAQ ne le seraient pas. Dimanche dernier, le président de la Commission-Jeunesse du parti, Nicolas Perrino, a bien résumé dans son discours cette nouvelle posture des libéraux. « Les Québécois de tous les horizons savent que notre parti est le seul qui refusera toujours de céder aux fantasmes populistes d’un autre temps. Ils savent que notre parti se méfiera toujours de ceux qui prétendent promouvoir l’affirmation identitaire de la majorité en brimant les droits fondamentaux des minorités. Ils savent que notre parti défendra toujours les libertés individuelles et notre culture sans jamais verser dans l’intolérance et l’exclusion. »

Dans la conférence de presse de clôture du conseil général, Philippe Couillard a développé sa pensée. Tant le PQ que la CAQ « ont un lourd passif » en matière d’accueil des immigrants. « Parfois, et même parfois involontairement, en adoptant certaines politiques qui semblent faciles, qui semblent répondre à ce qu’on croit être le souhait de la population, on pose des gestes qui attisent les braises de ces démons qu’on a chez nous comme partout ailleurs », a-t-il fait observer. Devant l’intolérance, « j’ai toujours eu cette inquiétude », devant ces « démons », présents dans toutes les sociétés démocratiques, « dont la peur de l’Autre, dont la tentation facile du rejet de l’étranger, dont la xénophobie ».

À l’Assemblée nationale mardi, le chef de la CAQ, François Legault, a bien tenté d’obtenir de lui une rétractation. En vain. Jamais, jamais il ne se rétractera parce que c’est précisément ce qu’il pense, confirme-t-on dans son entourage. Ce ne sont pas là des exagérations partisanes servant à chauffer des militants qui se délectent des attaques du chef à l’endroit des adversaires politiques.

Aux yeux de Philippe Couillard, l’hypocrisie du PQ était manifeste durant ce qu’il appelle « cet épisode très regrettable de la charte des valeurs ». En prônant une neutralité religieuse qui s’incarne dans les employés de l’État, le PQ a sciemment exacerbé les sentiments xénophobes du peuple et il a divisé les Québécois.

 

Lire la suite sur Le Devoir

 

Ajouter un Commentaire

Veuillez noter que votre commentaire n'apparaîtra qu'après avoir été validé par un administrateur du site. Attention : Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.


Code de sécurité
Rafraîchir