22.11.2015 - « L’Etat islamique a un père : l’Arabie saoudite et son industrie idéologique »

[Note du Bonnet : N'est-ce-pas Manolito ?]

Après les attentats meurtriers du 13 novembre, revendiqués par l'organisation État islamique (EI), la France et, plus largement, les Occidentaux doivent-ils repenser les liens qu'ils entretiennent avec l'Arabie saoudite et le Qatar ? Une tribune de l'écrivain algérien Kamel Daoud, publiée (en anglais et en français) par le quotidien américain The New York Times et largement partagée sur les réseaux sociaux, vient alimenter le débat.

 

Dans cette tribune, Kamel Daoud, lauréat du Goncourt du premier roman pour Meursault, contre-enquête et chroniqueur au Quotidien d'Oran, affirme que l'Arabie saoudite n'est qu'un "Daech [acronyme arabe de l’État islamique] qui a réussi".

 

"Daech noir, Daech blanc. Le premier égorge, tue, lapide, coupe les mains, détruit le patrimoine de l’humanité, et déteste l’archéologie, la femme et l’étranger non musulman. Le second est mieux habillé et plus propre, mais il fait la même chose. L’État islamique et l’Arabie saoudite. Dans sa lutte contre le terrorisme, l’Occident mène la guerre contre l’un tout en serrant la main de l’autre. (...) On veut sauver la fameuse alliance stratégique avec l’Arabie saoudite tout en oubliant que ce royaume repose sur une autre alliance, avec un clergé religieux qui produit, rend légitime, répand, prêche et défend le wahhabisme, islamisme ultrapuritain dont se nourrit Daech."

 

Pour Kamel Daoud, visé par une fatwa et qualifié d'"ennemi de l'islam" en Algérie, l'Arabie saoudite est le principal "mécène idéologique de la culture islamiste". Il dénonce notamment "l'immense pouvoir de transformation de télévisions religieuses" et de certains journaux islamistes sur la société. Certes, Riyad est aussi une cible potentielle de l’État islamique. Le groupe a déjà revendiqué plusieurs attentats perpétrés dans le royaume. Mais, pour Kamed Daoud, cette réalité paradoxale tient à l'alliance ancestrale entre la famille régnante et le clergé : "Le clergé saoudien produit l’islamisme qui menace le pays mais qui assure aussi la légitimité du régime", écrit-il.

 

"Daech a une mère et un père"

 

Pour lutter contre le terrorisme, l'Occident devrait s'attaquer à la "cause" plutôt qu'à "l'effet", assure Kamed Daoud :

 

"Daesh a une mère : l’invasion de l’Irak. Mais il a aussi un père : l’Arabie saoudite et son industrie idéologique. Si l’intervention occidentale a donné des raisons aux désespérés dans le monde arabe, le royaume saoudien leur a donné croyances et convictions. Si on ne comprend pas cela, on perd la guerre même si on gagne des batailles. On tuera des djihadistes mais ils renaîtront dans de prochaines générations, et nourris des mêmes livres."

 

Depuis les attentats qui ont tué 130 personnes à Paris et Saint-Denis, d'autres voix se sont élevées pour réclamer un réexamen des relations avec l'Arabie saoudite, mais aussi avec le Qatar. Dans une tribune publiée par le Monde le 17 novembre, les deux historiens Sophie Bessis et Mohammed Harbi affirment, eux aussi, l'existence d'une filiation idéologique entre l'EI et le royaume saoudien :

 

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