20.11.2015 - Après les attentats de Paris, Israël se livre aux joies du «French bashing» et de la récupération politicienne

Dans Haaretz, Allison Kaplan Sommer explique que « beaucoup d’Israéliens sont entrés dans une concurrence victimaire », car ils se sentent méprisés du fait du « peu d’attention que le monde accorde à [leurs] victimes du terrorisme  » par comparaison à l’élan mondial de solidarité dont bénéficie la France après les attentats du vendredi 13 à Paris.

« Au lendemain des attaques de Paris – écrit Allison Kaplan Sommer – j’ai demandé à une Israélienne qui a émigré de France si elle était choquée et inquiète de voir une telle dévastation dans la ville où elle a vécu. A ma grande surprise, elle m’a répondu que non, et à mon grand ébahissement elle est allée un cran plus loin : “Ils l’ont mérité”, me dit-elle calmement ».

«Je lui ai immédiatement demandé pourquoi. Son raisonnement : la France et le reste de l’Union Européenne vient de décider d’étiqueter les produits de Cisjordanie. De son point de vue, c’était un coup en traître de la France contre Israël au moment où les choses allaient mal. Israël était, après tout, en plein milieu d’une vague d’attentats sanglants au couteau et avec des automobiles, aussi barbares et injustifiées que ce qui s’est passé au Bataclan ou dans des cafés parisiens».

«Puisque les Français n’étaient pas intéressés à partager la douleur d’Israël, pourquoi devrait-elle ressentir la leur ? Pour beaucoup de ses amis Juifs Français vivant maintenant en Israël, et parmi eux les milliers qui ont quitté la France récemment (dont les anciens propriétaires de la salle de spectacles du Bataclan) , l’amertume a été aggravée d’avoir été pour la France le canari oublié [1] au fond d’une mine de charbon. Selon leur perception, la France, et le monde, ont accordé peu d’attention aux attentats dont eux – les Juifs –  ont été la cible, depuis le meurtre d’Ilan Halimi [2] jusqu’à l’attentat contre le super-marché “HyperCacher” qui a suivi le massacre chez Charlie-Hebdo en janvier, en passant par les meurtres à Toulouse [3]. Même s’ils ne se réjouissent pas de la manière dont les choses se sont passées, il y a un sentiment très affirmé de “on vous l’avait bien dit”, qui est une justification de leur décision de quitter la France, en dépit du fait que vivre en Israël était loin de leur garantir la sécurité. »

«Le même jour, à l’école élémentaire que fréquente ma fille, il y avait un cours d’actualité, et toute la classe était impatiente de parler des évènements dont il avait été question non-stop dans les médias au cours des 24 dernières heures. Mais le professeur a refusé d’en parler avant que la leçon soit pratiquement terminée.» L’enseignant a expliqué à ces enfants en classe de sixième qu’il était «beaucoup plus important» de parler de ce qui se passait en Israël, en particulier l’attentat qui avait coûté la vie à un rabbin de Hébron et à son fils. «Le monde entier peut avoir les yeux fixés sur la France, a expliqué l’instituteur aux enfants, mais Israël doit accorder son attention à ces morts, car le monde entier d’en désintéresse ».

Sur les médias sociaux également, le ressentiment de nombreux Israéliens s’est exprimé quant au fait que les attentats en France ont suscité une solidarité et un sentiment d’identification très largement répandu dans le monde, alors que rien de tel ne s’est exprimé envers les victimes israéliennes – juives – des troubles en Palestine occupée depuis quelques semaines. «Des Israéliens sont tués, et tués et tués, et on dirait que personne n’en a rien à faire», écrivait sur Facebook un ami de Allison Kaplan Sommer, qui le rapporte dans son article. Ou encore : «Des Israéliens sont attaqués par des musulmans depuis 1921 [4] jour après jour, mais allez-y, changez votre image de profil pour mettre le drapeau français» écrivait un autre sur Twitter.

 

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