06.11.2015 - L’Irak en quête d’une armée

Malgré les milliards de dollars investis dans son armement, malgré les tentatives de réformer son commandement, l’armée irakienne n’est pas en mesure de mener une contre-offensive efficace contre les territoires conquis par l’organisation de l’État islamique (OEI). En grande partie pour des raisons politiques liées à l’incapacité du gouvernement à bâtir un consensus national indispensable à la reconstruction du pays.

Au milieu d’un été suffocant, l’actuel premier ministre irakien Haïder Al-Abadi approuvait le jugement, par une cour martiale, de plusieurs commandants de l’armée qui avaient abandonné leurs postes à Ramadi (chef-lieu de la grande province occidentale sunnite d’Al-Anbar) et ainsi permis aux combattants de l’organisation État islamique (OEI) de s’emparer de la ville. Sur fond de reprise des combats au sol, avec une intensification des opérations depuis le début du mois d’octobre dans les deux provinces d’Al-Anbar et Saladin pour y reprendre les territoires perdus, d’une complexification toujours accrue des dynamiques du conflit et d’interrogations anxieuses dans le camp occidental quant à la meilleure stratégie à adopter, cette décision a mis en exergue — s’il en était besoin — les dysfonctionnements structurels de l’appareil militaire local dont le bilan demeure des plus précaires, plus d’un an après l’offensive djihadiste.

L’effondrement de Ramadi, chef-lieu d’Al-Anbar, s’est trouvé au cœur de l’actualité des derniers mois, en parallèle d’une vague de manifestations populaires accusant, entre autres griefs, le gouvernement central d’avoir échoué à assurer la sécurité de la population civile. Le débat sur l’incurie de l’armée n’est pas nouveau, mais il s’est ostensiblement accentué après la chute de Mossoul en juin 2014. La désertion des forces régulières couplée à leurs dérives notoires (politisation, confessionnalisation, répression, corruption) ayant fait le lit de l’avancée aussi spectaculaire que brutale de l’OEI avait en effet suscité l’indignation d’une importante frange du pays et remis au centre des discussions la faculté des autorités à combattre cette menace existentielle. À présent, l’ancien premier ministre Nouri Al-Maliki est d’ailleurs ouvertement pointé du doigt pour son rôle instrumental et délétère durant ses huit années de mandat.

Moral en berne pour les soldats

Le fait est qu’au moment où l’Irak a le plus besoin d’elle, son armée est épuisée et dans l’incapacité manifeste d’endosser le rôle qui lui incombe. Elle a pourtant reçu pendant une décennie armement et entraînement de la part des États-Unis, alors puissance occupante, dont les conseillers et instructeurs militaires l’assistent aujourd’hui en grand nombre. Au grand déplaisir de ses «  partenaires  » irakiens, le secrétaire d’État à la défense Ashton Carter n’a pas manqué de souligner à cet égard que les soldats n’avaient montré aucune réelle volonté de combattre l’ennemi à Ramadi ainsi que dans d’autres endroits du territoire. Des propos sans doute quelque peu osés dans la forme mais non moins exacts et réalistes sur le fond, et surtout émanant d’un haut gradé américain, douze ans après le renversement du régime de Saddam Hussein.

 

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