02.11.2015 - Le monde sera-t-il musulman ?

Si les projections démographiques annoncent que l'islam va devenir la première religion mondiale aux alentours de 2070, la France va surtout connaître une progression importante des personnes «non affiliées» à une religion.

«Le 21e siècle sera religieux ou bien il ne sera pas.» La fameuse formule attribuée à André Malraux, psalmodiée à travers des générations de copies de philosophie, trouve un retentissement évident au regard de l’affirmation contemporaine des religions. Alors que la modernité triomphante les imaginait régresser, elles s’étendent. À l’horizon du milieu du siècle, le nombre de musulmans dans le monde devrait se rapprocher de celui des chrétiens, pour le dépasser un peu plus tard. Mais avant le sujet de ce croisement des confessions, projeté vers 2070, importe celui des dynamiques à l’œuvre.  

Aux projections démographiques sur l’augmentation de la population mondiale s’ajoutent des projections religieuses sur les évolutions des populations croyantes. On ne saurait dire si l’estimation du volume des populations religieuses décrit précisément celles des croyants ou celles des personnes issues d’une certaine tradition. L’essor de la spiritualité compense le déclin de certains dogmes. Dans d’autres contextes, l’affirmation fondamentaliste prévaut. Il n’empêche, les perspectives générales sont plutôt décapantes, avec une géopolitique des confessions qui voit très significativement progresser l’islam dans le monde, tout en laissant une place très originale à la France.

Fortes inerties

La statistique confessionnelle (qui croit en quoi et avec quelles affiliations?) relève souvent de l’acrobatie. Aux fantasmes des uns répond le déni des autres. Grand remplacement ethnico-religieux d’un côté, vivre-ensemble joyeux et bariolé de l’autre. Afin de se faire une idée raisonnée, au moins sur le plan des croyances déclarées, il existe de la donnée. La revue Futuribles rend compte ponctuellement, depuis des années, des tentatives de mesure des développements religieux dans le monde, avec leurs transformations.

 

Parmi les quelques sources pour ces analyses prospectives, le Pew Research Center (un célèbre «fact tank» américain, comme il y a des «think tanks») s’est imposé. Le Pew a livré, au printemps dernier, une étude aussi sérieuse que copieuse. Le travail s’appuie sur les données disponibles, aux quatre coins du monde, sur les différentiels de fécondité et de mortalité, les phénomènes migratoires et, opération plus compliquée encore, les conversions d’une religion à l’autre. Ce dernier point constitue la nouveauté technique, avec des évaluations des changements à venir de religion, qu’il s’agisse d’abandons ou de nouvelles adhésions. La méthode est délicate mais l’opération est importante car il faut se défaire d’une vision globalement héréditaire de l’appartenance religieuse.

Informé de ces précisions méthodologiques, on peut se poser la question: à quoi pourrait ressembler la distribution religieuse du monde en 2050? Les chrétiens devraient rester majoritaires. L’islam, dans sa diversité, devrait grossir bien plus vite que toutes les autres grandes religions. Sur la période, le nombre de musulmans (+1,2 milliard) pourrait croître de près de 75%, contre 35% pour les chrétiens (+750 millions) et 34% pour les hindous. A l’horizon 2050, le nombre de musulmans (2,8 milliards, 30% de l’humanité) serait à peu près équivalent à celui des chrétiens (2,9 milliards, 31%). Les inerties étant fortes, ce n’est qu’en 2070 que le nombre de musulmans dépasserait celui des chrétiens.

 

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