28.10.2015 - Voici pourquoi je (re)mange de la viande

Notre journaliste était devenue végétarienne il y a cinq après un séjour au Chiapas. C’est un autre voyage, cet été, qui l’a décidée à manger de la viande à nouveau. Elle nous explique pourquoi.

Je suis devenue végétarienne il y a cinq ans, par conviction écologique. Aujourd’hui, je remange de la viande... par conviction écologique.

J’ai renoncé aux cuisses de poulet et au rôti de veau en 2010, lors d’un séjour au Chiapas mexicain. Là-bas, dans les montagnes, des communautés rurales mal nourries cultivent d’arrache-pied des lopins caillouteux pour y faire pousser du café. Et à moins de dix kilomètres, dans des plaines fertiles, des milliers de vaches paissent, attendant d’être réduites en steaks congelés pour le marché états-unien. Vision saisissante d’un système agricole absurde. Écœurée, je décidais alors de ne plus prendre part à ce cirque. Devenir végétarienne était un acte à ma portée, ma petite contribution au bien-être animal, à la préservation de la planète et à la lutte contre les inégalités sociales. Du moins, c’était mon avis jusqu’à peu.

En avril dernier, je suis partie en vélo à la rencontre des paysans. De ferme en ferme, j’ai découvert un monde que je pensais connaître. J’ai trébuché, les pieds pris dans mes a priori. Voilà ce qui arrive quand on troque ses bottines contre des bottes. Car la surprise est dans le pré. Surtout, je n’imaginais pas, en enfourchant ma bicyclette, que je redeviendrais carnivore.

Première étape : chez Polo, mes tripes vacillent

Aux Molles, le vent ariégeois balaie inlassablement les collines vertes. Polo, Martine et leur fils Ilan vivent ici depuis vingt-cinq ans, dans des maisonnettes de bric et de broc. Ils élèvent un petit troupeau de chèvres, vendent fromage et chevreaux. Tous les matins, ils traient à la main leurs amies cornues, puis les mènent en pâturage à travers les monts pelés. L’été, ils montent en alpage dans les Pyrénées. Ils vivent chichement et heureux, indéniablement.

« Quand nous sommes arrivés, il n’y avait que des ronces ici, rien d’autre ne poussait », me raconte Polo. Peu à peu, grâce à l’inextinguible appétit des chèvres, les buissons épineux reculent, laissant place aux prairies. Le paysage s’ouvre, les sols gagnent en fertilité. « Aujourd’hui, le lieu s’est transformé, il est devenu vivable. On peut s’y promener, planter des arbres fruitiers, et même cultiver un potager ! »


Lire la suite sur Reporterre

Ajouter un Commentaire

Veuillez noter que votre commentaire n'apparaîtra qu'après avoir été validé par un administrateur du site. Attention : Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.


Code de sécurité
Rafraîchir