24.10.2015 - Le Québec me tue de plus en plus

Ce sera une chronique d'humeur. Une chronique crève-cœur. Une chronique de mauvaise humeur comme lorsqu'on découvre que les quatre pneus de la voiture sont à plat ou que ta blonde te trompe joyeusement ou que ton patron a fermé ses portes sans prévenir. Je suis célibataire comme dans la chanson Formidable de Stromae, mais je ne me sens pas formidable. Car je n'ai pas encore digéré la défaite du Bloc québécois. La joie a foutu le camp.

Le Québec me tue de plus en plus. Et je ne le dis pas pour me plaindre ou pour jouer à la victime. Mais je me sens comme un animal blessé et j'ai mal. Mal à mon cœur, mal à mon français, mal à mon rêve, mal à mon avenir, mal à ma fierté, mal à l'amour. Avec cette nouvelle défaite, qui vient après celle du Parti québécois d'avril 2014, et après toutes les autres, assumées ou pas, après tous les coups de Jarnac et autres coups de couteau dans le dos, mon vieux fond de misanthropie vient de se réveiller à nouveau. Quatre-vingts pourcent du vote des Québécois sont allés à des partis fédéralistes. Plus misérables que ça, tu meurs, mais d'autres s'en réjouissent.

J'ai le goût de ne rien faire, surtout pas le goût de parler avec des gens qui ont voté libéral ou conservateur. Quand je vois le concert de louanges qui entoure l'arrivée de Justin Trudeau à la tête du gouvernement canadien, je me dis que nous sommes les spécialistes du «avancez en arrière». Et ce n'est pas une simple question de génération car, pour Trudeau, on a sorti les Jean Chrétien et Marc «la pompe» Lalonde du placard. Oh boy! Comme si on avait perdu la mémoire. Pas seulement la mémoire de 1760 et la mémoire du «peuple sans culture» de Lord Durham, mais la mémoire plus récente du scandale des commandites, la mémoire du référendum volé, la mémoire de la nuit des longs couteaux, la mémoire des mesure de guerre, la mémoire des empiétements systématiques dans le champ de nos compétences, la mémoire du «sorry, I don't speak french» et du Speak White, la mémoire du mépris et des tentatives d'assimilation à travers le multiculturalisme. D'ailleurs a-t-on déjà eu une mémoire collective?

Et tous les journaux de s'extasier devant cette nouvelle vedette, née avec une cuillère d'argent dans la bouche et qui peine à aligner trois mots de suite en bon français. Pour parler comme le nouveau premier ministre, j'espère qu'il va continuer de parler «d'égalités des opportunités», qu'il va créer «des opportunités d'emploi qui vont donner aux gens ce qu'ils ont besoin» et qu'il «investira dans le vieillissement et dans les infrastructures sociaux», tel que promis. Et pourtant, les Français en raffolent! Et surtout, il va remettre le Québec à sa place, main dans la main avec Philippe Couillard. Le pays du Québec? Vous voulez dire «la belle province canadienne».

 

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