19.10.2015 - «Une différence de 360 degrés» entre l'islam turc et celui de Daech selon le Premier ministre turc

En voulant distinguer l'interprétation turque de la religion musulmane et le culte prôné par l'organisation islamiste, la langue d'Ahmet Davutoglu, le Premier ministre turc, a fourché.

Samedi 10 octobre, deux bombes explosaient à Ankara lors d’un rassemblement pour la paix tuant au passage quatre-vingt-dix-neuf personnes. Alors que le manque de vigilance réel ou supposé des autorités turques a été ciblé par l’opposition, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu accuse le mouvement État islamique (EI) d’être derrière cet attentat sanglant.

Davutoglu, président du parti majoritaire l’AKP relevant de l’islam politique, a tenu le 14 octobre dernier à distinguer «l’interprétation turque de l’islam» et celle menée par l’EI sur le plateau d’une émission de télévision. Il a malheureusement mal choisi ses mots, remarque, amusée, la rédaction de Foreign Policy. «Il y a un écart de 360 degrés, et non pas de 180 degrés, entre l’islam que nous défendons et celui que Daech a dans la tête», a ainsi très maladroitement déclaré le chef du gouvernement de la Turquie.

Même si vos souvenirs de géométrie sont flous et parfois entachés d’erreur, vous l’avez sans doute compris: un cercle faisant 360 degrés, un tel trajet ramène au point de départ, alors que 180 degrés opposent au contraire strictement deux positions.

 

Sarcasme

Il va sans dire que cette sortie de l’homme politique n’est pas passée inaperçue dans le débat local. Le Parti républicain du peuple, premier mouvement d’opposition, a réagi en partageant sur les réseaux sociaux une définition canonique de l’expression «360 degrés», signale la page de France24 en anglais:

«Souvent considérée comme désignant une efficacité plus grande qu’un angle de 180 degrés, l’expression déçoit quand le sujet réalise qu’elle signifie en fait une absence absolue de différence.»

L’organisation politique a appuyé le sarcasme de sa publication, en écrivant au-dessus de celle-ci: «L’éducation est une priorité.»

Auteur d’un livre appelé La profondeur stratégique, Ahmet Davutoglu jouit généralement en Turquie d’une réputation d’intellectuel. Ce qui, bien sûr, n’empêche pas de faire des gaffes.

 

Source : Slate

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