17.10.2015 - Le prix Nobel de la médiocrité

Dans le fond, si un pays pouvait se voir décerner un prix Nobel de la médiocrité, le Canada serait certainement en lice, sinon bon premier.

C’est ici qu’on flushe (flushera ? flushera pas ?) huit milliards de litres d’eaux usées dans la jugulaire du pays ; ici qu’on muselle les scientifiques qui nagent à contre-courant ; ici qu’on se demande si ce sera par train ou par pipeline mais toujours la tête dans le sable ; ici qu’on a le pied sur les pédales de gaz et de frein en même temps ; ici qu’on dénature la nature et qu’on chloroforme la population pour mieux assassiner le bien commun ; ici qu’on enfile un déguisement d’Halloween pour aller voter « stratégique » démocratiquement ; ici qu’on a trop de géographie, pas assez d’histoire et encore moins de vision périphérique.

 

Chaque campagne électorale devient l’occasion d’un bilan.

 

Cette semaine, j’ai eu la mauvaise idée de faire la liste des documentaires qui m’ont rendue plus citoyenne et éclairée ces dernières années. Dans le désordre : République, Inside Job, Chercher le courant, Fort McMoney, Le prix à payer et le dernier de Naomi Klein, Tout peut changer, qui m’a fait pleurer comme une Madeleine, mon second prénom. Pleurer à cause de la résistance des petits devant les puissants.

 

Heureusement qu’il reste des indignés qu’on qualifie d’extrémistes, de communistes, d’écolos ou d’idéalistes (choisissez) pour s’opposer à la marche dite inexorable du progrès.

 

Je veux être Scandinave

 

Y a des jours où j’ai le goût d’en fumer du thérapeutique dans ma pipe de maïs, de me boucher les oreilles avec de la cire d’abeille, de chiquer de l’hévéa, de m’habiller en jute et de noyer tous mes espoirs dans l’eau bénite en priant pour qu’elle soit propre. Y a des jours où je voudrais être Scandinave. Les idées géniales sont là, la connaissance est là, la défense du bien commun est là, les prix Nobel sont là, les applications sont là, mais la stupidité et la cupidité font obstruction ailleurs.

 

Le philosophe Alain Deneault regroupe ces deux tendances crasses sous le chapeau de La médiocratie, du grec kratos, pouvoir, autorité. C’est le titre de son dernier pavé dans le fleuve de nos émois et il fait un bien fou, car il participe d’une étincelle, celle d’une révolution à venir ou qui est peut-être déjà en marche sous cape.

 

Tous les étudiants en économie, socio et sciences po devraient garder cet ouvrage pamphlétaire sur leur table de chevet pour soigner leurs insomnies d’idéalistes déçus. Vous lisez ce recueil de textes de Deneault publiés à droite et à gauche (surtout à gauche), et vous avez envie de vous retrousser les manches pour vous enchaîner à une grue en Alberta ou un pipeline au Québec.

 

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Commentaires   

 
0 #1 Mike Deschamps 17-10-2015 17:34
En voila une qui a tout compris...
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