L'humoriste et auteur Boucar Diouf dénonce l'omniprésence de la question du niqab dans la campagne électorale tout en insistant sur l'importance de prêter serment à visage découvert, dans un entretien accordé mercredi à Anne-Marie Dussault à l'émission 24/60.
« C'est une façon de voiler le discernement des gens [...], car il y a tellement d'autres choses dont il faudrait parler », déplore l'essayiste et conteur, qui fait la promotion de son livre publié cette semaine, Rendez à ces arbres ce qui appartient à ces arbres.
Il a néanmoins défendu la prestation du serment de citoyenneté à visage découvert. « On est dans une société de communication et je ne peux pas avoir une communication avec toi si je ne te vois pas », fait-il valoir.
Selon lui, l'intégration des immigrants au Canada implique une notion de compromis. « Quand quelqu'un frappe à la porte, on lui dit bienvenue, mais on peut lui dire aussi : "Enlève tes chaussures" », dit-il.
« On ne peut pas être dans deux extrêmes et dire on va vivre ensemble, ça prend un déplacement des deux », ajoute-t-il.
Boucar Diouf a signé une lettre d'opinion publiée samedi dernier dans le quotidien La Presse, dans laquelle il reproche à la fois à Stephen Harper de faire de la politique avec le niqab, et au chef néo-démocrate Thomas Mulcair de prendre la question trop à la légère.
Il qualifie également, dans son texte, le chef du Parti libéral Justin Trudeau d'« intégriste du multiculturalisme canadien ».
Le débat sur le niqab a en outre permis de constater que la question préoccupe également le reste du Canada, souligne Diouf.
« Pour avoir observé le multiculturalisme canadien depuis longtemps, chaque fois qu'il y a une petite bisbille, le Canada anglais dit : "Regardez le racisme des Québécois" - ce qu'on appelle le Québec bashing. Mais aujourd'hui, le chat est sorti du sac », dit-il.
Source : Radio Canada