07.10.2015 - Les flics de demain ?

FRANCE - Evoquée par les pouvoirs publics lors du Comité interministériel de sécurité routière du 2 octobre, la mise en service de drones-radars a créé une certaine surprise. Cette hypothèse n'est pas nouvelle mais, si l'on en croit le ministère de l'intérieur, elle pourrait prendre corps. Des expérimentations vont avoir lieu dans les prochains mois.

Du bluff ou pas ?
Il y a deux façons de jauger l'importance à accorder au projet de drones-gendarmes. La première consiste à n'y voir qu'un élément de la guerre psychologique que le gouvernement entend mener en évoquant le recours à un nouvel outil anti-délinquance routière, nimbé d'un halo de mystère et d'aura technologique. Le caractère très lapidaire de l'annonce d'une « expérimentation » prochaine, ajoutent les sceptiques, suggère que le projet est encore loin de pouvoir se concrétiser au plan opérationnel. Il y a un an, le ministère de l'intérieur avait déjà évoqué la mise à contribution de drones. Il était même plus précis, évoquant la mise en fonction progressive de 10 000 drones-radars à partir de fin 2016. L'autre réaction se base sur les applications actuelles de drones civils (dans les domaines de l'agriculture, des travaux publics ou de la surveillance des voies ferrées, par exemple) pour considérer qu'il est tout à fait envisageable de faire voler des drones pour surveiller le trafic automobile. L'épée de Damoclès serait d'autant plus réelle que police et gendarmerie ont, ces derniers temps, une tendance grandissantes à recourir à des drones dans le cadre de leurs autres missions. Il semble que cette dernière hypothèse soit la plus crédible

Des drones, pour quoi faire ?
Comparé à un hélicoptère, un drone offre un coût d'utilisation incomparablement inférieur, présente aussi l'avantage d'être très discret et de pouvoir être déployé plus vite et à plus grande échelle. Un drone de plus de deux kilos peut embarquer des capteurs de vitesse et une caméra vidéo ; il « fera le job » aussi bien sinon mieux. Quotidiennement, des drones effectuent déjà des relevés topographiques d'une extrême précision au-dessus de terrains et d'habitation. Mesurer instantanément la vitesse d'un véhicule mais aussi constater le franchissement d'une ligne jaune ou d'un feu rouge voire un dépassement dangereux ne présentent pas a priori pas de difficulté majeure.

Des drones pour tout faire ?
« Surveiller le trafic routier en faisant voler des drones ? L'idée germe dans beaucoup de têtes. Mais il faut savoir ce que l'on peut effectivement réaliser et cela devient plus compliqué » souligne Emmanuel de Maistre, le président et fondateur de RedBird, leader français pour l'analyse de données recueillies par drone. D'abord, un drone ne peut pas se lancer à la poursuite d'un chauffard ni se déplacer à la vitesse des automobiles circulant au-delà de 90 ou 100 kmh. Ensuite, son autonomie de vol (20 à 30 minutes maximum pour un multicoptère) réduit son rayon d'action mais, surtout, il lui faut pouvoir identifier le véhicule visé. Et pour cela, il lui faut photographier la plaque d'immatriculation avec suffisamment de précision. Un appareil photo capable de grossir dix-huit fois la cible peut faire l'affaire. L'ennui, c'est que la cible est mobile et qu'il ne faut donc ne pas trop s'en éloigner, ce qui ne facilite pas la mission du pilote. Les expérimentations évoquées par le ministère de l'intérieur consisteront à déterminer le degré de précision avec lequel un drone peut identifier une voitur

Des drones au-dessus de la réglementation ?

La réglementation actuelle interdit de faire voler des drones civils au-dessus des personnes mais aussi des routes. Chez RedBird, on se souvient du refus très sec opposé par la préfecture des Yvelines à un projet de numérisation d'une route effectuée par drone. S'agissant des forces de gendarmerie et de police, il en va différemment mais la marge de manoeuvre qui leur sera accordée dépendra largement de la Direction de l'aviation civile (DGAC), en charge de la sécurité aérienne. Or, survoler routes et autoroutes avec des drones, même en s'efforçant de ne pas se tenir à l'aplomb du trafic, n'a rien d'anodin. La DGAC y regardera à deux fois avant de valider les expérimentations des forces de l'ordre.

Des drones pour la sécurité ?
Les sociétés d'autoroute, elles aussi, regardent les drones de près. Pour surveiller le trafic en cas de perturbations causées par un bouchon, un accident mais aussi lorsque les conditions météo empêchent de recourir aux moyens d'information habituels. Une société d'autoroute, échaudée par les difficultés rencontrées lors d'un épisode hivernal particulièrement rigoureux, a imaginé de se doter de « boites à drones ». Installées le long de l'autoroute, elles auraient permis à des appareils télécommandés de décoller en vol programmé par GPS (possibilité exclue par la loi à l'heure actuelle) vers une destination précise puis de revenir se poser.

Source : lemonde.fr

Commentaires   

 
0 #1 Mike Deschamps 07-10-2015 08:42
1984...on y arrive !
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