22.08.2015 - Entretien de la peur

Nous sommes persuadés qu’un jour la guerre contre le terrorisme s’arrêtera et que les libertés civiques seront restaurées. Il est temps de se faire à l’idée que la guerre ne cessera jamais et de prendre des mesures pour garantir la protection des droits de chacun dans cette nouvelle normalité.

La plupart d’entre nous considèrent l’état de guerre perpétuel comme profondément contradictoire avec les droits humains, la démocratie et l’État de droit.

Nous n’avons pas tort: depuis les attentats du 11-Septembre, deux administrations présidentielles américaines successives ont mis en place des systèmes de détention illimitée, des programmes de surveillance clandestins, des meurtres ciblés secrets et une foule d’autres pratiques troublantes. En réaction, certaines personnes soucieuses de la protection de la loi et de l’État de droit ont appelé à la fin du «paradigme guerrier» post-11 septembre, en insistant sur le fait que le contre-terrorisme ne doit pas être conceptualisé comme une guerre et demandant le retour à un cadre légal.

Certes, cette impulsion est compréhensible, mais c’est aussi une grande perte de temps et d’énergie. Quinze ans après le 11-Septembre, la guerre contre le terrorisme continue d’ouvrir de nouveaux fronts, de Syrie en Lybie en passant par le Nigeria. Et il est difficile d’imaginer que cela puisse changer sous l’administration d’Hillary Clinton ou de Jeb Bush. La guerre perpétuelle ne se terminera probablement pas de notre vivant. Tant que nous n’accepterons pas cette idée, l’érosion des droits humains post-11-Septembre va probablement se poursuivre.

Un paysage géopolitique redessiné

Suivez mon raisonnement, aussi contraire à l’intuition qu’il paraisse. Commencez par vous demander si la guerre et la paix ont toujours été aussi distincts l’un de l’autre que nous aimons l’imaginer, et si la guerre a, au cours de l’histoire, été l’exception ou la norme. Ensuite, demandez-vous dans quelle mesure la protection des droits humains et les contraintes imposées à la puissance illimitée des États dépendent de notre capacité à tracer des lignes claires entre guerre et paix (ou, au moins, entre guerre et non-guerre). Bien des actes considérés comme inacceptables et illégaux en temps de paix deviennent tolérables en temps de guerre.

Puis réfléchissez au fait qu’aujourd’hui, il est devenu quasiment impossible d’établir une distinction bien nette entre guerre et non-guerre –pas uniquement à cause d’arguments juridiques et politiques émis en toute mauvaise foi par des représentants américains (bien que nous en ayons eu de nombreux exemples), mais à cause de changements réels et significatifs dans le paysage géopolitique mondial. Enfin, pensez à ce que nous pourrions gagner si nous arrêtions d’essayer de tracer des lignes de plus en plus arbitraires entre temps de paix et temps de guerre, et si nous nous concentrions à la place sur le développement d’institutions et de normes capables de protéger à tout moment la loi et l’État de droit.

 

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