Le monde de l’enseignement en Suisse est aux prises avec de nombreux défis, parfois paradoxaux. Un manque cruel de ressources, d’abord, avec un canton comme Zurich qui doit mettre sur pied des programmes de revalorisation de la profession, notamment en augmentant les salaires et en adaptant les exigences d’entrée. Un problème de coûts, ensuite, avec, à l’instar du Valais, la mise en place de mesures de diminution des frais liés aux enseignants (sans toucher aux salaires, mais en réduisant les effectifs), ce qui représente une charge significative pour la collectivité.
«Si l’enseignement coûte trop cher, essayons l’ignorance!» s’emportent souvent les représentants des milieux professionnels concernés. Derrière cette pirouette, se cache pourtant un objectif majeur et incontournable pour toute entreprise, privée ou publique:délivrer plus de prestations et de meilleure qualité avec moins de ressources ou de moyens.
Que faisons-nous en Suisse pour y parvenir? Pas grand-chose! Très rares sont les enseignants du primaire et du secondaire dont la qualité des contributions est évaluée systématiquement. Même à l’université, les appréciations des étudiants sont le plus souvent facultatives, et la plupart du temps connues uniquement du professeur lui-même. Encore plus rares sont les enseignants dont une partie du salaire est calculée en fonction de critères «au mérite». Parler d’évaluation de la prestation et de rémunération à la performance est un tabou que peu ont franchi jusqu’ici.
Et pourtant, d’autres pays l’on fait et avec un succès indéniable. L’étude intitulée «Cross-Country Evidence on Teacher Performance Pay» (Woessmann, Economics of Education Review), exceptionnellement bien documentée et publiée en 2011, analyse les pratiques des enseignants dans 28 pays ayant participé au programme PISA. Les conclusions, basées sur plus de 184 000 étudiants âgés de 15 ans, sont éloquentes: les performances des lycéens sont significativement plus élevées (+24% dans les tests de maths et de compréhension de l’écrit et +15% en sciences) dans les pays qui ont mis une place une mesure de la performance corrélée avec le salaire des professeurs !
Lire la suite sur Le Temps