18.08.2015 - Poutine a-t-il prévu de trahir Assad et favoriser son départ ?

Les objectifs géostratégiques de Moscou en Syrie sont à l'opposé de ceux de Washington. Prendre en compte ces informations est sans doute la meilleure façon d'obtenir une compréhension ajustée sur ce qui se passe réellement dans ce pays déchiré par la guerre.

Ce que veut Washington précisément est expliqué en détail dans un rapport de Michael E. O'Hanlon à l'Institut Brookings intitulé "Déconstruire la Syrie: Une nouvelle stratégie pour la guerre la plus désespérée de l'Amérique". En voici un extrait:


"... La seule voie réaliste à envisager pour l'avenir est un plan qui vise en effet à déconstruire la Syrie ... la communauté internationale doit travailler à créer des poches avec une sécurité et une gouvernance plus viable au sein de la Syrie au fil du temps ...

La création de ces sanctuaires produirait des zones autonomes qui n'auraient plus à nouveau à faire face à la perspective d'une gouvernance par Assad ou l'Etat islamique (EI) ...

L'objectif intermédiaire pourrait être une Syrie confédérale, avec plusieurs zones très autonomes ... La confédération nécessiterait probablement le soutien d'une force de maintien de la paix internationale ... Afin de rendre ces zones défendables et gouvernables ... .Les zones autonomes seraient libérées de l'influence d'Assad ou d'u
n de ses successeurs".

(“Deconstructing Syria: A new strategy for America’s most hopeless war“, Michael E. O’Hanlon, Brookings Institute)


Oubliez l'EI et le président syrien Bachar al Assad pendant une minute et, à la place, concentrez-vous sur les termes de «zones autonomes», de "création de sanctuaires ...", de "zones de sécurité" et de "Syrie confédérale."

Tous ces termes suggèrent fortement que l'objectif principal de la politique des États-Unis est de briser la Syrie en unités plus petites (comme en Somalie, NdT) qui ne posent aucune menace pour l'hégémonie régionale israélo-étatsunienne. Ceci en un mot est le plan des États-Unis.

En revanche, la Russie ne veut pas d'une Syrie balkanisée. Mis à part le fait que Moscou et Damas sont des alliés de longue date (et la Russie a des facilités d'accès à la base navale de Tartous en Syrie), une Syrie balkanisée fait peser de graves menaces pour la Russie, dont la plus importante est l'apparition probable d'une base opérationnelle de djihadistes qui seront utilisés pour déployer des terroristes à travers l'Asie centrale et ainsi saper le grand plan de Moscou pour intégrer les continents dans une zone de libre-échange géant allant de Lisbonne à Vladivostok. Le président russe Vladimir Poutine prend la menace du terrorisme très au sérieux, c'est la raison pour laquelle il a travaillé autour d'un agenda pour engager les dirigeants de l'Arabie saoudite, de la Turquie, de l'Irak, de la Syrie, de l'Iran, des Kurdes et des groupes d'opposition syriens dans des négociations pour mettre fin aux combats et rétablir la sécurité en Syrie. Il est intéressant de noter qu'il n'y a eu quasiment aucune couverture effective de ces négociations cruciales dans les médias occidentaux, principalement parce qu'ils donnent de Poutine l'image d'un artisan de la paix respecté au sein des autres dirigeants du monde et qui met en œuvre tous les efforts pour arrêter la propagation du terrorisme. Évidemment, cela ne cadre pas avec la représentation médiatique qui dépeint Poutine comme le nouvel Hitler, de sorte qu'ils ont tout simplement omis de couvrir ces réunions internationales.

Les différences apparaissant entre les États-Unis et la Russie sont inconciliables. Washington veut la fin du système de l'État-nation et créer un nouvel ordre mondial, tandis que Poutine veut maintenir le système actuel afin de préserver la souveraineté nationale, l'autodétermination, et la multi-polarité. Ces éléments sont la base de l'affrontement entre la Russie et les États-Unis. Poutine rejette la règle globale unipolaire et travaille le plus rapidement possible pour construire une coalition capable de résister à une intervention, à une manipulation et à l'agression persistante des États-Unis. Ceci n'est pas une mince tâche, et cela implique beaucoup de discrétion. Poutine n'a pas les moyens de faire face à chaque fois au Goliath étasunien, donc il doit choisir ses orientations et combats avec soin et occulter largement ce qu'il fait.

 

Lire la suite sur Le Blog de Sam La Touch, traduction depuis Counterpunch

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