09.08.2015 - France : pour "Libération" (sic), lancer un appel à l'autodétermination, c'est « reprendre à son compte la propagande pétainiste »

INTERVIEW- L'historien Henry Rousso revient sur les propos «absurdes» de l'eurodéputée, qui voudrait que les migrants restent dans leur pays pour «se battre», comme «nous» durant la Seconde Guerre mondiale.

 

C’est la saillie Morano de l’été. Chaque année, l’eurodéputée lance, durant la période estivale, une polémique. Son agora : les réseaux sociaux. Elle tweete, s’épanche, invective et s’agace. L’année dernière, elle s’était fendue d’un message sur Facebook dans lequel elle s’offusquait de la présence d’une femme voilée à la plage. «Une atteinte à notre culture», écrivait-elle. Cette année, elle a décidé de s’en prendre aux migrants.

Une «colère» orchestrée en trois temps. Premier acte, sur Facebook, le 3 août. Dans un post, l’élue lorraine dénonce la présence des réfugiés et des SDF qui salissent les «trottoirs de Paris». Une «honte pour l’image de la France», ajoute-t-elle. Deuxième acte, sur le même réseau social : Nadine Morano s’interroge sur le nombre «d’islamistes [parmi] ces immigrés accueillis». Le troisième acte a eu lieu au micro d’Europe 1. La proche de Nicolas Sarkozy revient sur le cas de la Libye. Le pays traverse une violente guerre civile, provoquant d’importants déplacements de populations. Elle explique alors pourquoi, selon elle, ces migrants fuyant leur pays en guerre et cherchant le droit d’asile feraient mieux d’y rester pour se battre. Elle évoque la Première et la Seconde Guerre mondiale durant lesquelles, selon elle, la population française n’a pas fui : «On dit qu’ils quittent leur pays, ils fuient la guerre. Heureusement qu’on n’a pas fait pareil, nous, en 1939-1945 ou en 1914 ! On a tous des aïeux qui reposent dans la terre de France qui se sont battus pour la liberté et pour sauver la France.» Et de leur demander de prendre les armes : «Il faudrait […] que ces personnes, plutôt que de fuir, car ce n’est pas la solution, se battent pour leur pays et qu’on les accompagne dans ce combat ! Il faut leur permettre de rester chez eux !»

Entretien avec Henry Rousso, historien et spécialiste du XXe siècle et de la Seconde Guerre mondiale (1), sur le coup de chaud de l’eurodéputée.

Selon Nadine Morano, les Français n’ont pas fui lors de la Première et de la Seconde Guerre mondiale…

Ses propos sont absurdes et n’ont aucun sens. Elle laisse croire qu’aucun Français n’aurait fui en 1940. C’est faux. En Juin 1940, les populations du Nord et de l’Est de la France quittent leur région. Ça représente entre 8 et 10 millions de personnes, soit un quart de la population d’alors. C’est un mouvement de panique dû à l’avancée des troupes allemandes et motivé par la peur des exactions et des souvenirs douloureux de la Première Guerre mondiale. Les victimes désignées par les Nazis, comme les Juifs et les communistes, tentent aussi de fuir à l’étranger. Autrement dit, elle ne pouvait pas choisir un plus mauvais exemple. Car c’est le seul exode, dans l’histoire de France, qui a un caractère aussi massif. Ce mouvement est d’ailleurs anticipé par le gouvernement, qui lui-même s’exile à Bordeaux. Enfin, je rappellerais que les premiers à fuir sont les soldats…

 

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