06.08.2015 - Allemagne : Sahra la Rouge, l'icône anti-Merkel

Depuis l'arrivée de Syriza au pouvoir à Athènes, Sahra Wagenknecht, députée et figure du parti radical de gauche allemand Die Linke, n'a cessé de pointer du doigt la responsabilité de la Chancelière dans la crise grecque.

"Vous êtes en train de mettre en place une colonie financière !"

Sahra Wagenknecht fait partie de ces députés allemands qui ne mâchent pas leurs mots. Il y a trois ans, la vice-présidente du parti de Gauche, Die Linke, était encore un peu isolée lorsqu'elle a refusé d'adopter le second paquet d'aide à la Grèce. Ce matin, elle n'était plus seule. 119 députés ont voté contre le troisième plan d'aide à la Grèce alors que 439 députés l'ont approuvé.

Comme à son habitude, "Mutti" - le surnom de la Chancelière - a réussi à retourner l'opinion et à convaincra sa majorité et son ministre des Finances Wolfgang Schäuble de suivre une voie de compromis : aider la Grèce à rester dans la zone euro tout en exigeant des réformes radicales.

Mais Sahra Wagenknecht, elle, reste convaincue : 

"Ce nouveau plan, qui n'est pas différent des précédents, ne fera que paupériser encore davantage la Grèce".

Sens de la dialectique

Depuis l'arrivée de Syriza au pouvoir à Athènes, la députée assise à la gauche de l'hémicycle allemand n'a cessé de pointer du doigt la responsabilité de la Chancelière dans la crise grecque. Son intervention au Bundestag le 19 mars avait fait le tour des réseaux sociaux et l'a érigée en France au rang d'icône de la gauche radicale. Ce jour-là, Sarah Wagenknecht, droite comme un "i" dans son ensemble carmin, a prononcé un discours d'une grande férocité. Le 5 juillet dernier, en toute logique, la députée était l'une des rares personnalité politiques de premier plan à se réjouir du "non" des Grecs au référendum.

Surprenant ? L'Allemagne, le pays du nouveau miracle économique, a aussi sa gauche radicale. Moins médiatique que Syriza ou Podemos, die Linke pèse autant dans le système parlementaire allemand que le parti des Verts (1). Signe de son influence, la quadragénaire à la tête bien faite est l'invitée de tous les talk-shows. Auteur d'une thèse sur l'interprétation de Hegel par le jeune Karl Marx, Sahra Wagenknecht a le sens de la dialectique.

Sous la férule de cette femme, qui doit prendre à la rentrée le fauteuil de co-présidente du groupe parlementaire, le parti de gauche pourrait très bien accéder un jour au pouvoir au sein d'une coalition gouvernementale "rouge-rouge-verte" (SPD-Die Linke-Verts). Mathématiquement, c'est possible. Idéologiquement, c'est plus difficile. Les relations entre le SPD et Die Linke rendent pour l'instant un tel rapprochement improbable…

Tandem explosif

Durant toutes ces années au Bundestag, où la Chancelière n'a écouté Sahra Wagenknecht que d'une oreille distraite, la dirigeante de Die Linke ne recueillait pas plus d'attention du côté du SPD, qui en veut toujours terriblement à Oskar Lafontaine d'avoir claqué la porte du gouvernement Schröder en 1999. Six ans plus tard, la création de Die Linke et son procès permanent des réformes libérales du chancelier social-démocrate ont coûté à Schröder sa réélection. Autant dire que les rancunes sont tenaces entre le SPD et Oskar Lafontaine.

 

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