03.08.2015 - Bientôt des Européennes kamikazes de l’EI ?

Carole André-Dessornes, consultante en géopolitique et docteur en sociologie associée au Cadis, le centre de recherche en études sociologiques rattaché à l'Ehess (École des hautes études en sciences sociales), répond aux questions de « L'Orient-Le Jour ».

Lors de l'attentat de Suruç, le 20 juillet dernier en Turquie, attribué à l'organisation État islamique (EI) par les autorités turques, la piste d'une femme kamikaze avait été évoquée par deux députés du parti prokurde HDP. L'information a également été rapportée par plusieurs médias turcs dont le site Hurriyet Daily News. Si l'hypothèse d'une femme responsable de cette opération-suicide, qui a fait plus de trente morts, n'a toujours pas été confirmée, certains experts craignent que le groupe jihadiste n'ait décidé d'impliquer plus directement les femmes dans ses opérations terroristes.

Jusqu'à présent, les femmes de l'EI ont été cantonnées à un rôle d'« épouse modèle », défini dans le Guide de la bonne épouse du jihad. Sommées de satisfaire les désirs sexuels de leur mari, de procréer pour que grossissent les rangs des jihadistes et d'assurer les tâches ménagères, les femmes au foyer peuvent aussi prendre les armes pour assurer la sécurité au sein du califat. Dans certains bastions de l'EI, les membres de la brigade féminine al-Khansaa, sorte de police religieuse, patrouillent munies d'AK-47. Certaines femmes de l'EI peuvent également devenir espionnes pour le compte de leur époux jihadiste, participer aux opérations de propagande ou encore recruter de nouveaux membres. Mais vont-elles être bientôt autorisées à mener des attentats-suicide ?

Il y a quelques jours, le Daily Mail rapportait que le groupe jihadiste prévoit d'envoyer des combattantes féminines perpétrer des attentats en Europe. D'après Fahad al-Masri, président du Centre for Strategy, Military and Security Studies, interrogé par le quotidien anglais, l'EI projette d'attaquer des sites religieux en Europe, particulièrement des « symboles chrétiens » comme le Vatican. Pour la première fois, l'organisation terroriste aurait l'intention d'utiliser des femmes de la brigade al-Khansaa pour jouer les martyrs.

(Pour mémoire : L'EI "fantasme plus sur la kalach que sur le Coran" : le témoignage d'une Française de retour de Raqqa)

 

Les femmes kamikazes plus efficaces
Pour Carole André-Dessornes, si la menace d'un attentat perpétré par une femme existe réellement, « il n'est pas garanti que l'EI envoie les femmes d'al-Khansaa ». « Si l'État islamique doit perpétrer un attentat en Europe, il est plus logique qu'ils aient recours à de jeunes femmes nées et radicalisées sur le Vieux Continent », indique Mme André-Dessornes à L'Orient-Le Jour. Alors que, face à la menace jihadiste, les contrôles ont été renforcés en Occident, l'EI peut être tenté d'avoir recours aux femmes, une ressource dont ils disposent désormais massivement. « Les femmes représentent aujourd'hui une sorte de force paramilitaire, qui ne nécessite pas forcément un entraînement, mais répond présent à des besoins stratégiques de l'EI, comme cela avait été le cas pour el-Qaëda en Irak », explique la chercheuse, auteure de Les femmes martyres dans le monde arabe : Liban, Palestine, Irak (éditions L'Harmattan).

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