01.08.2015 - Une question d'honneur : pourquoi il est impératif de livrer le Mistral à la Russie

Une tribune de Nicolas Dupont-Aignan, député de l’Essonne, président de Debout la France et de Thierry Mariani, député des Français de l’Étranger.


Monsieur le président de la République,

Vous vous apprêtez à prendre une décision définitive sur la livraison des BPC Mistral que la Russie a commandé à la France il y a maintenant quatre ans.

Cette décision marquera votre quinquennat et engagera la réputation de notre pays. Elle aura des conséquences capitales sur notre relation multiséculaire avec la Russie, partie intégrante de la civilisation européenne, notre alliée au cours des deux guerres mondiales, aujourd’hui partenaire naturel et incontournable pour étouffer ce brasier du Proche-Orient qui nous menace.Cette décision dira au monde si la France reste ou non un grand pays, fier de ses savoir- faire, de son indépendance et fidèle à  son Histoire.

La décision russe de commander ces deux bateaux multifonctions à la France, pays pourtant membre de l'OTAN, témoignait d’une confiance particulière envers la patrie du général de Gaulle. Cette commande a permis de sauver les chantiers navals de Saint-Nazaire, des milliers d'emplois et un savoir-faire exceptionnel. C’était la démonstration de la  volonté russe d’élargir la coopération à de nouveaux domaines liés aux hautes technologies. Elle donnait à la France la perspective de devenir un partenaire industriel majeur de la Russie, le seul pays industriel où nous détenions, avant les ineptes sanctions européennes, une part prépondérante de parts de marché dans les hautes technologies, l’aéronautique  et le spatial. Cette commande a permis à des centaines de marins russes, à la conduite exemplaire, d’être formés pendant des mois en France  et qui véhiculeront à l’avenir l'image qu'il vous appartiendra de donner de notre pays.

Ce contrat de 1,2 milliard d'euros est une remarquable réussite industrielle et a permis à des dizaines d’entreprises françaises et russes de coopérer harmonieusement et efficacement, laissant ainsi présager l'intérêt mutuel et le potentiel de la relation franco-russe. Aujourd’hui ces bateaux sont prêts, ils sont à quai, ils sont aux normes russes et portent les beaux et glorieux noms de Sébastopol et Vladivostok.

Si vous décidiez de ne pas livrer ces bateaux, il faudra alors expliquer aux Français pourquoi la France va perdre plus d'un milliard d'euros directement et des milliards indirectement alors que le système des sanctions européennes ne concerne pas ce contrat. Un milliard, c'est plus que le gâchis de l'écotaxe. C’est plus que la baisse des allocations familiales pour les classes moyennes mise en œuvre cette année. Un milliard à l’exportation, ce sont des milliers d'emplois hautement qualifiés,si précieux dans un contexte de chômage endémique. Certes, ce milliard pourrait, par quelques tours de passe-passe, n’apparaitre dans les comptes publics qu'après 2017. Mais dans tous les cas, c’est la France qui paiera, demain ou après-demain.

Si vous décidiez de na pas livrer ces bateaux, il faudra expliquer au monde que la parole de la France peut être remise en cause en cas d’alternance, lorsque les nouveaux dirigeants sont plus sensibles aux pressions de pays qui eux ne transigent jamais sur leurs intérêts nationaux.

Si vous décidiez de ne pas livrer ces bateaux, il faudra expliquer aux Français pourquoi vous avez choisi de conditionner cette vente à un contentieux russo-ukrainien qui n'a rien à voir avec ce sujet. Ces bateaux ne changent strictement rien à l’équilibre des  forces, leur livraison ou non n’a pas la moindre influence sur les positions de la diplomatie russe et tout le monde prend conscience aujourd’hui que c’est bien le gouvernement de Kiev qui bloque le volet politique de Minsk 2.


 
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