27.07.2015 - France : quand un citoyen dévoile l’un des secrets les mieux gardés de la République

Le « petit prof de maths » a eu raison d’un des secrets les mieux gardés de la République : la réserve parlementaire

Ce jour-là, Hervé Lebreton, 43 ans, était à Tours, chez ses parents. Avec un après-midi à tuer, d’autres auraient sans doute opté pour une balade. « Je suis passé à la mairie voir comment ils classaient les délibérations. » Il sourit : « Il manquait les indemnités des élus. J’ai dit à la secrétaire : “Vous êtes obligée !”»

Prise de panique, la fonctionnaire lui présente un bordereau issu d’un fichier informatique… du ministère de l’Intérieur. Il en a les yeux qui brillent : « J’ai ainsi découvert qu’il existe un fichier qui centralise toutes les délibérations et les budgets des collectivités. Je me suis dit : “Celui-là, je vais me le faire ! On pourrait le rendre public et consolider toutes les données de dépenses des collectivités.” Bien sûr, on ne veut pas me le communiquer… Je pars pour cinq ans, au moins. »

Il y a quelques années, la propension de ce prof de maths installé à Lacépède, petit village de Lot-et-Garonne, à jouer les Julian Assange n’aurait affolé personne. Il n’en va pas de même aujourd’hui : au sommet de l’État, nul n’ignore plus que ce zèbre-là est extrêmement tenace !

Face à Jérôme Cahuzac

Son fait d’armes ? Avoir pulvérisé en 2013 l’un des secrets les mieux gardés de la République : la réserve parlementaire. Soit une grosse caisse d’environ 150 millions d’euros de subventions que les députés pouvaient orienter à leur guise vers des collectivités locales ou des associations dans l’opacité la plus complète.

« J’ignorais ce qu’était la réserve parlementaire. Un jour, on m’a dit : “Voilà une chose sur laquelle on ne saura jamais rien.” J’ai trouvé incroyable que de l’argent public puisse être distribué sans que les citoyens le sachent. »

Il ne faut pas se fier à son air d’éternel adolescent. Ce faux naïf, fils d’un professeur d’université en physique-chimie et ancien élève de maths sup et maths spé, est méthodique. Rigoureux en diable. Et il apprend vite.

« Au début, c’est sûr qu’on ne m’a pas vu venir. Quand je ne sais pas, je pose des questions. J’ai d’abord questionné l’Assemblée : on m’a envoyé paître. » Puis il s’adresse à son député. Un certain… Jérôme Cahuzac, alors président de la commission des finances. « J’ai demandé vingt fois à être reçu. Il n’a jamais accepté! » Tout comme il n’a jamais voulu, par la suite, dévoiler l’utilisation de sa propre réserve parlementaire.

Mais, à force de patience, l’homme découvre que les listings sont conservés dans les ministères. Dont celui de l’Intérieur. C’est finalement le tribunal administratif de Paris qui enjoindra au ministère de lui communiquer l’ensemble des documents, au bout de deux ans de bataille.

 

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