22.07.2015 - Carnage contre les civils au Yémen, dans le silence de la communauté internationale

L’offensive menée par l’Arabie saoudite au Yémen continue : les négociations de paix sont au point mort et la trêve humanitaire décidée par les Nations unies est restée sans effet. Le blocus aérien, naval et terrestre empêche l’approvisionnement du pays et aggrave la situation déjà extrêmement préoccupante des civils, premières victimes de cette attaque. Ayant pu se rendre sur place, Ole Solvang de l’organisation Human Rights Watch raconte le quotidien d’une population durement touchée.

 

Lorsque j’ai rencontré Ahmed Al-Shérif, un réparateur de montre âgé de 38 ans, il était étendu sur un lit à l’hôpital Joumhouri de Saada, une ville du nord du Yémen. Son torse était recouvert de bandages. Il m’indiqua qu’une frappe aérienne avait touché sa maison cinq jours plus tôt. Des fragments de bombe l’avaient atteint, ainsi que deux de ses enfants, Mohamed, 7 ans, touché à l’épaule gauche et Abed, 12 ans, atteint au bras et à la jambe. Ahmed Al-Shérif et sa famille s’en étaient tirés à bon compte — du moins c’est ce qu’il pensait alors — dans la mesure où l’attaque avait provoqué la mort de quatre de leurs voisins, une femme et ses trois enfants. Sa première préoccupation lorsque je l’ai rencontré était de savoir où sa famille allait désormais vivre maintenant que leur maison était détruite.

En temps normal, Saada abrite environ 50 000 personnes. La ville est la base principale et le bastion d’Ansar Allah, dont les membres sont plus connus sous le nom de «  houthistes  ». Groupe de zaidites du Yémen du nord, les houthistes ont pris le contrôle depuis l’année dernière de vastes parties du pays, forçant le président Abd Rabbo Mansour Hadi à s’enfuir en Arabie saoudite. En réaction à l’avance des houthistes, une coalition de neuf États arabes conduite par l’Arabie saoudite a lancé le 26 mars une campagne de bombardements aériens qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui. Je me suis retrouvé avec l’un de mes collègues au Yémen pour enquêter sur les frappes aériennes qui ont fait de nombreuses victimes parmi les populations civiles et déterminer si le droit de la guerre avait été violé. Nous savions que Saada avait été la cible du plus grand nombre de bombardements et c’est donc là que nous souhaitions aller.

Violations des lois de la guerre

Peu d’observateurs indépendants s’étaient rendus à Saada lorsque nous sommes arrivés à la mi-mai. Il n’est pas facile de se rendre au Yémen. La coalition maintient un bouclage aérien et terrestre sur le pays. Les attaques aériennes y sont courantes. Entrer dans le pays est une entreprise périlleuse. Mettant à profit un cessez-le-feu de cinq jours, nous nous y sommes rendus pour examiner la situation de près et pour parler aux victimes et aux témoins des événements.

 

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