13.07.2015 - Tsipras social-traître ?

Pauvre Tsipras. Hier le héros des gauchistes, il risque, du moins si l'on lit les réactions indignées dans certains blogs, de passer rapidement à la catégorie « archi-traître à fusiller ». Ce n’est pas la faute de Tsipras. C’est la faute de ce gauchisme infantile qui ne comprend toujours pas ce que sont les responsabilités du gouvernement. Tel Mélenchon expliquant qu’il suffit de « désobéir à l’Europe » pour que tout s’arrange magiquement sans qu’on ait besoin de sortir de l’Euro ou de l’UE (1). Si Tsipras gouverne et Mélenchon non, c’est précisément parce que l’un comprend comment fonctionne le monde réel, et pas l’autre.

D’abord, personne n'a été trahi. Tsipras a toujours affirmé qu’il n’avait pas l’intention de sortir de l’UE ni même de l’Euro. Il a toujours dit que son intention était de négocier le meilleur accord possible pour la Grèce dans ce cadre. Lorsqu’il a pensé que l’offre des créanciers pouvait être améliorée, il a fait voter « non » par référendum pour bien marquer que les conditions offertes étaient inacceptables. Aujourd’hui, parce qu’il pense que les créanciers n’amélioreront pas leur offre si ce n’est à la marge et parce que ceux-ci lui ont donné satisfaction sur le point qu’il juge essentiel – la mention explicite d’une restructuration de la dette – il fait voter par le parlement un mandat de négociation dans ce sens. Il n’y a pas de honte pour un homme d’État à changer d’avis sous la pression des circonstances, à condition de le reconnaître et d’expliquer au peuple pourquoi. Tsipras l’a fait, en admettant devant le Parlement grec que les mesures acceptées allaient à l’encontre du programme du gouvernement, et en expliquant qu’elles étaient inévitables sauf à admettre une sortie de l'Euro. On peut donc être en désaccord avec Tsipras, mais on ne peut lui reprocher une quelconque traîtrise.

Pour ceux qui s’expriment depuis leur salle à manger à Paris, il est un peu facile de sous-estimer la difficulté des décisions que Tsipras doit prendre. Il semble clair aujourd’hui qu’il a tiré sur la corde tout ce qu’il a pu. Tirer un peu plus, c’est aller à la rupture et donc à la sortie de l’Euro et peut-être même de l’Union européenne, non parce que Mme Merkel serait méchante, mais parce qu’elle-même aurait du mal à « vendre » un compromis plus généreux à ses propres électeurs. Seuls les gauchistes indécrottables croient encore que tout est affaire de volonté, et que si Che Guevara-Tsipras avait mis le révolver sur la table, les allemands, les finlandais ou les hollandais se seraient couché devant lui. Dans le monde réel, tout est question de rapport de forces. Et le rapport de forces n’est pas précisément en faveur des grecs. Tsipras a pu se donner des marges de manœuvre en jouant sur le fait que les leaders européistes n’étaient pas prêts de gaîté de cœur à créer un précédent en faisant sortir un pays du système européen. Mais de là à imaginer qu’ils sont prêts à tout faire pour l’y maintenir, y compris de défier leurs propres électeurs, il y a un pas difficile à franchir.

 

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