11.07.2015 - Et si les journalistes européistes nous menaient en bateau depuis le début ?

De nombreux indices permettent de penser que les Grecs préparent activement leur dépôt de bilan et le retour à la drachme.

« Ne jamais croire un Grec, surtout s’il t’amène un présent. » Ces mots tirés de l’Énéide, déposés par Virgile dans la bouche de Laocoon qui ne voulait pas laisser entrer le cheval de Troie, sonnent comme un avertissement. Ne jamais croire un Grec… Cet Alexis Tsipras est apparemment un grand malin, un manipulateur professionnel qui a appris à mentir pendant sa rude formation aux Jeunesses communistes, le dernier parti stalinien d’Europe, mais c’est aussi un fin politicien doublé d’un metteur en scène médiatique de talent. Le voir faire chanter les dirigeants européens, les faire danser le sirtaki, les faire monter au cocotier comme des chimpanzés apeurés, les rudoyer devant son peuple hilare… c’est du grand art ! Jean-Luc Mélenchon, l’homme qui adore admirer ses propres incantations, l’a reconnu comme l’un des siens, et Hugo Chavez, qui a eu le temps de ruiner son pays avant de mourir, l’aurait certainement adoubé.

Fin de l'horreur, horreur sans fin

Voyons de plus près ce scénario du retour à la drachme : pendant une dizaine d’années, les Grecs se sont gavés d’euros en empruntant à tout-va quasiment au même taux que les Allemands, consommant plus de 200 milliards d’euros entre 2001 et 2010 et triplant leur dette publique pour la porter à 350 milliards. Or la Grèce est un petit pays de 11 millions d’habitants dont le PIB atteignait alors à peine 230 milliards. Lorsque les Européens se sont aperçus du désastre, en 2011-2012, ils ont fermé l’open-bar, puis ont commencé par annuler 100 milliards de créances, mais ont continué à subventionner le pays pour l’aider à s’en sortir. Sauf qu’ils n’ont pas su obtenir, en échange, la moindre réforme sérieuse. Tsipras sait que la Grèce ne remboursera jamais le tombereau de dettes, même quelque peu aminci, que ses prédécesseurs lui ont laissé. Ses concitoyens, eux, ayant « le choix entre la fin de l’horreur et l’horreur sans fin » (proverbe allemand), la faillite devenait inévitable. Autant l’organiser.

Trésor de guerre

C’est là où le scénario devient absolument passionnant selon l’économiste Charles Gave, qui, le premier, a flairé le pot aux roses en réfléchissant à partir de l’adage bien connu : si vous devez 100 000 euros à votre banquier, vous avez un problème. Si vous lui devez 200 ou 300 milliards, c’est lui qui a un problème ! « La BCE est donc, dit-il, dans une situation où elle perd si elle arrête les financements, car cela forcerait la Grèce à sortir de l’Europe, et elle perd aussi si elle ne les arrête pas. » Alexis Tsipras, la décontraction hautaine et le sourire narquois, pendant qu’il occupe les médias avec des sautes d’humeur surjouées et qu’il amuse la galerie européenne, organise en sous-main la constitution d’un trésor de guerre que les autorités internationales ne pourront pas saisir. Charles Gave : « Logiquement, il aurait dû installer, comme à Chypre, des contrôles des changes, des contrôles des capitaux et que sais-je encore pour garder le peu de devises qu’il avait. Or, qu’est-ce que je constate ? Les déposants grecs peuvent librement transférer de l’argent de leur compte en Grèce à n’importe quel compte étranger [à leurs cousins en Australie, en Allemagne ou aux USA…], ou, s’ils n’ont pas de cousin, ils peuvent transformer leurs dépôts en billets de banque et les garder chez eux. »

 

Lire la suite sur Le Point

Ajouter un Commentaire

Veuillez noter que votre commentaire n'apparaîtra qu'après avoir été validé par un administrateur du site. Attention : Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.


Code de sécurité
Rafraîchir