23.06.2015 - Le «palimpseste de Sana'a» ou la folle histoire d'un autre Coran

En 1972, des ouvriers yéménites ont déterré par hasard un des plus vieux Coran du monde. Des spécialistes ont alors découvert qu'on avait écrit par-dessus une version plus ancienne, bien différente du Coran que nous connaissons.

En 1972, un pan du faux plafond d’une très ancienne mosquée de Sana’a, la capitale du Yémen, s’effondre. Des ouvriers, présents sur les lieux, découvrent une cache remplie d’un fatras de manuscrits en très mauvais état. Ils les chargent dans vingt sacs à patates et les déposent dans une montée d’escalier du bâtiment. Ces parchemins auraient très bien pu rester à l’ombre encore longtemps si les autorités yéménites n’avaient pas eu le nez creux. Pressentant que les travailleurs ont peut-être fait par inadvertance une trouvaille, elles appellent des spécialistes allemands à la rescousse.

Ceux-ci leur donnent raison. En analysant ces lignes, ils découvrent parmi les plus anciennes versions retranscrites des sourates du prophète Mahomet. Surtout, ils se rendent compte qu’on n’a pas simplement mis la main sur un manuscrit mais sur un palimpseste, c’est-à-dire sur un ouvrage où chaque ligne d’écriture en recouvre une autre, plus ancienne. 

Plus surprenant encore, en se penchant sur la couche d’écriture la plus vieille, qui date de la seconde moitié du VIIe siècle après J.C (c’est-à-dire le Ier siècle selon le calendrier musulman), ils relèvent de nombreuses variations par rapport à la tradition officielle du Coran. L’anecdote est lourde de sens dans la mesure où le Coran, parole de Dieu par excellence, n’est pas censé s’empêtrer dans ce genre de contradictions et contestations.

L’islam, ça se passe d’abord à l’oral

A son origine, l’islam a d’ailleurs entretenu une relation complexe avec l’écriture. Si le Coran se retrouve dans les étals des libraires et sur les étagères des bibliothèques depuis plus de mille ans, la doctrine musulmane est avant tout affaire d’oralité. C’est par la voix que Mahomet dit avoir recueilli le message divin. Par l’intermédiaire de l’ange Gabriel, Dieu lui délivre, directement en arabe, les préceptes de la nouvelle religion au compte-gouttes, sourate après sourate.

 

C’est pourquoi le Coran est considéré comme l’ouvrage parfait jusqu’à la moindre virgule, inimitable, inaltérable et inchangé depuis toujours: Dieu fait livre. C’est d’ailleurs une différence majeure avec les Évangiles, par exemple, qui ne sont, officiellement, «que» les témoignages d’apôtres, ayant certes côtoyé Dieu à travers Jésus, mais n’étant pas moins des hommes, sujets aux erreurs, variations etc.

 

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