15.05.2015 - Les abris fiscaux: pour nantis seulement

Commençons par les REER, comme dans rire du monde. En 2014, qui peut mettre 25 000 $ l’an dans son REER (régime enregistré d’épargne retraite)? Je vous le demande.

En 2003, la déduction fiscale aux REER était de 13 500 $ l’an et les gouvernements l’ont augmenté à 14 500 $ jusqu’à 18 000 $ en 2006 et indexé par la suite. Cela n’avait toutefois pas empêché le journal Les Affaires, même s’il est à droite, de dire: «Les changements apportés aux REER profiteront aux plus riches» (5 avril 2003). Dans un autre texte des Affaires du 22 février 2003, Michel St-Germain de la firme privée Mercer avait dit à cet effet que: «On peut estimer que les hausses du plafond des contributions au REER (à 14 500 $) annoncées dans le dernier budget profiteront probablement à moins de 2% des contribuables». Fiscalité progressive, vous dîtes. Ce seul abri fiscal des REER coûte annuellement au Trésor fédéral au moins 25 milliards $ l’an et, à Québec, au minimum 5 milliards $ chaque année. Mais pour les nobles, il n’y a rien de trop beau et pas question de toucher à cette vache sacrée. La rigueur et l’austérité, c’est juste bon pour les autres.

À ceux qui me sortent l’argument trompeur comme quoi les REER ne constituent pas un abri fiscal et qu’ils ne coûtent rien aux gouvernements puisque ce ne sont que des impôts reportés dans 20 ou 30 ans, le contribuable payant alors de l’impôt sur le revenu lors des retraits, je répondrai ceci: saviez-vous qu’un dollar payé dans 20 ou 30 ans ne vaut rien? Faut dire que ce ne sont pas seulement les cotisations annuelles au REER qui sont déductibles d’impôt, mais aussi tous les revenus annuels sont exempts d’impôts.

Puis, bang, en 2005, on augmente encore le plafond annuel au REER qui passera de 18 000 $ en 2006 à 22 000 en 2010. Bonne nouvelle pour le gratin: «Une modification aux REER profitera aux hauts salariés» (La Presse, 24 février 2005). Et le 28 février 2005, Le Journal de Montréal titrait: «Un cadeau pour 120 000 Québécois. Ottawa (et Québec) déplafonne les REER». Un autre beau cadeau pour les notables en plus du CELI, des options d’achats d’action, de l’incorporation, des gains de capitaux, du fractionnement de revenus, de la fiducie familiale, etc. Je l’ai dit, il n’y a rien de trop beau pour la classe dominante. Mais tous ces cadeaux fiscaux sont inutiles au Québec puisque, selon la légende patronale et la parabole des lucides, il n’y aurait pas de riches au Québec...

Le but est de remplacer les pensions publiques de l’État par les pensions privées... au grand plaisir des institutions financières.

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