07.05.2015 - Monsanto est au courant du lien entre glyphosate et cancer depuis 35 ans

Selon des preuves mises à jour par des archives de l’EPA (Environmental Protection Agency, agence de protection de l’environnement) aux États-Unis, il apparaît que Monsanto était pleinement conscient, dès 1981, que le glyphosate est susceptible de causer des cancers chez les mammifères.

Récemment, l’agence internationale pour la recherche contre le cancer (IARC) de l’OMS a publié un communiqué dans lequel le glyphosate (le principal composant de l’herbicide Roundup) est classé comme « carcinogène probable » pour l’être humain, et dont la génotoxicité pour les animaux était « suffisamment démontrée » (1). Cette annonce de changement vers une toxicité de classe 2A a donné lieu à une vaste couverture médiatique à l’échelle mondiale, obligeant Monsanto à passer immédiatement en mode défensif, afin de limiter les dégâts. La corporation a demandé le retrait du rapport, alors qu’il n’avait même pas été publié! Comme c’était à prévoir, l’équipe industrielle travaillant sur le glyphosate a réagi avec fureur (2). Cette équipe de travail a aussi sponsorisé un article de « réfutation » (3) par un groupe d’auteurs fortement liés à l’industrie de la biotechnologie; mais en raison du manifeste point de vue subjectif de ce document (qui suggère que le glyphosate n’a aucun potentiel carcinogène pour les humains), il est ignoré en attendant qu’une équipe de chercheurs indépendants l’examine (4).

Alors que Monsanto continue de prétendre que le Roundup et le glyphosate sont inoffensifs (5) si utilisés selon les instructions, en dépit des preuves du contraire qui s’accumulent, nous avons entrepris une recherche à travers les archives de l’agence pour la protection environnementale (EPA) afin de découvrir ce que l’on savait du glyphosate au moment de son enregistrement initial. Ceci à la suite d’enquêtes menées par Sustainable Pulse qui soulignaient un changement soudain en 1991 dans le point de vue de l’EPA sur la toxicité. Ce qui a été découvert était très parlant. Il y a eu de nombreuses expériences sur animaux (des rats, des souris et des chiens) afin de tester la toxicité aiguë et chronique du glyphosate sur la période 1978–1986, conduites par des laboratoires comme Bio/dynamics Inc pour Monsanto puis soumises à l’examen de l’EPA. Deux de ces rapports étudient la reproduction de rats sur trois générations (6) (7), et un autre s’intitule « étude de l’alimentation à vie des rats avec du glyphosate » (8); mais comme toutes les autres anciennes études elles étaient et sont toujours considérées comme des secrets commerciaux et ne sont pas librement accessibles pour un examen indépendant. Ceci suggère que ces études contiennent des données que Monsanto ne souhaite pas voir examinées par des experts en toxicologie. Il est également très inquiétant que l’EPA ait régulièrement accepté les requêtes de confidentialité de Monsanto, pour des motifs plus que douteux.

Cependant, des mémos archivés et accessibles de l’EPA du début des années 1980 donnent quelques indications sur ce que contiennent les études sur les rats (9). Bien que ces études précèdent l’adoption de règles internationales et de standards de bonnes pratiques en laboratoire (GLP) elles suggèrent que les rats ont subi des lésions rénales significatives dans l’étude sur trois générations – l’incidence de la dilatation tubulaire dans les reins était plus élevée dans tous les groupes de rats traités, quand on compare au groupe témoin. La dilatation tubulaire et la néphrose étaient aussi accompagnées de fibroses interstitielles dans tous les groupes tests et dans certains intestins les chercheurs ont retrouvé de la matière amorphe et des débris cellulaires. Moins d’un tiers des rats témoins présentait des signes de dilatation tubulaire. Dans les résultats de l’étude sur les rats, les changements de la muqueuse vésicale sont significatifs parce que les métabolites, concentrées dans les reins, ont mené à l’hyperplasie qui peut être considérée comme une étape très précoce et condition indispensable à l’initiation de tumeurs. L’EPA était inquiète en 1981 que ces indications soient sinistres, et a d’abord refusé de publier un NOEL (No Observed adverse Effect Level – « sans effet nocif observé ») – elle a exigé de plus amples informations et des recherches additionnelles. Dans son addendum de 1982, Monsanto présente des preuves qui minimisent les effets et brouillent les données – et sur cette base l’EPA accepte la toxicité peu probable du glyphosate. Mais Monsanto savait que l’examen des données de ces études pourrait potentiellement menacer ses ambitions commerciales, et a par conséquent exigé que les documents de recherche concernés soient retenus et traités comme des secrets commerciaux. Par conséquent, Il n’y a pas eu de réel examen indépendant. Monsanto et l’EPA se sont concertés afin de garder ces documents à l’abri d’une expertise impartiale, en dépit des preuves irréfutables des dommages occasionnés. (Il est évident que l’EPA pensait aux effets carcinogènes – elle savait en 1981 que le glyphosate causait des croissances tumorigènes et des maladies rénales mais a qualifié ces découvertes de « mystères » afin d’appliquer le NOEL — « sans effet nocif observé » — pour ce produit chimique et d’autoriser sa mise en place sur le marché).

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