07.05.2015 - Un bar chrétien en France : quand l’Église se réinvente pour être au plus près des gens

Bar chrétien, lieux ressources, équipes missionnaires… L’Église catholique veut se réinventer. Pour la première fois en France, le synode provincial Lille-Arras-Cambrai a interrogé 10 000 personnes pour « inventer les paroisses de demain ».

À l’heure du matérialisme contemporain, des questionnements sur la foi et de la désaffection des églises, le monde catholique s’interroge : « comment inventer les paroisses de demain ? ». Pendant deux ans, l’assemblée du synode provincial Lille-Arras-Cambrai a planché sur cette question en interrogeant près de 10 000 habitants. Une première en France. C’est même la sixième fois au monde qu’une telle « enquête de terrain » est menée au plus près des croyants, mais également des non-croyants.

Comment rendre l’Église plus proche des gens ? Comment être à l’écoute du monde, des plus pauvres, des marginalisés, des familles, des jeunes ? Comment transmettre la parole chrétienne au quotidien ?

Ces questions, et bien d’autres, 190 baptisés composant l’assemblée du synode provincial Lille-Arras-Cambrai, se les sont posées pendant près de deux ans. Plus de 10 000 questionnaires ont été envoyés, près de 50 rencontres organisées, quatre sessions de formation, pour élaborer treize projets innovants susceptibles d’inventer ce nouveau type de paroisse. Ces derniers ont été présentés ce vendredi à Merville, devant les quatre évêques de la province qui les porteront ensuite auprès du pape François à Rome.

Être missionnaire

Comme l’explique Bénédicte Bodart, animatrice paroissiale à Arras, « l’audace est d’aller vers les gens, plutôt que d’attendre que les gens viennent à la paroisse ». Cela veut direouvrir l’Église sur la rue, promouvoir des « maisons ouvertes » sur les gens et la société.

C’est également repenser l’accueil, dans et hors de l’Église. C’est créer des fonctions de « visiteurs », « d’éveilleurs », de « médiateurs », capables de tisser des liens, de créer un réseau fraternel. « Être missionnaire exige de se rendre proche grâce à des communautés de proximité, des réseaux de relation dans lesquels on veillera plus particulièrement la qualité de l’accueil et où l’on invitera largement », précise Elisabeth Souillard, membre des assemblées synodales.

Des expériences concrètes sont déjà en place dans notre région (voir ci-dessous). Reste maintenant à motiver tous ceux qui seront volontaires pour cette haute mission. Et à convaincre le Saint-Père.

 

Deux expériences concrètes pour une autre paroisse

Quand l’Église s’invite au bar

Le Comptoir de Cana ouvrira le 10 mars prochain dans le Vieux Lille. Il s’agit du premier « bar chrétien » inauguré dans le Nord - Pas-de-Calais.« Nous voulions créer un lieu ouvert à tous, et plus particulièrement aux jeunes qui ne fréquentent pas les églises, pour présenter la foi d’une autre façon », explique Benjamin Florin. À 29 ans, cet animateur paroissial lillois fait partie de l’équipe de la Pastorale des jeunes qui a monté ce projet.

« Il s’agit d’un bar comme les autres, sans prosélytisme aucun. Seulement nous voulons lui donner, de par l’accueil et son animation, un esprit chrétien ». Cela passe par des soirées d’échanges autour de thématiques chrétiennes, des animations culturelles, des expositions photos. Mais aussi la vente de bières monastiques, des produits du commerce équitable, ou des produits artisanaux en lien avec des voyages missionnaires. « Nous organiserons également des interventions d’entreprises pour des jeunes qui cherchent du travail, de l’aide à la rédaction de CV, etc. ». Bar chrétien, sans doute, bar citoyen assurément.

Une maison pour tous à Lens

La Maison Nicodème a ouvert en octobre dernier en plein centre de Lens, rue Berthelot, juste à côté de l’église Saint-Léger. Il s’agit de l’un de ces « lieux-ressources » que le synode aimerait voir se développer en région. « Nous voulions créer un lieu d’accueil, de projets et de formation ouvert sur la ville. Et un lieu fort pour les chrétiens, mais pas seulement », explique le père Vincent Blin, curé de Liévin, à l’origine du projet.

À la Maison Nicodème, on peut venir prier bien sûr. Mais également s’informer, se cultiver, se divertir, dialoguer, échanger. Expositions, théâtre, conférences y sont régulièrement organisés. En mars, ce sera un ciné-débat dans le cadre du centenaire de la Première Guerre mondiale. « Nous avons également édité deux documents, pour adultes et jeunes, permettant de visiter le Louvre-Lens en termes spirituels. Nous travaillons à un projet d’école de production pour les jeunes en décrochage scolaire ».

Lieu pilote, la Maison Nicodème se veut l’illustration d’une église plus que jamais ouverte sur les autres et la société.

Source : lavoixdunord.fr

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