Pour favoriser un retour à la normale après toute cette fièvre, voici quelques chiffres que le trio Legault et compagnie ne se sont pas trop empressés de nous rappeler. Une mise en contexte s'impose. Bon an mal an, 8,2 personnes sur mille meurent au Québec chaque année. En 2017, c'était 66 300 personnes, 68,600 en 2018. À chaque mois, les mortalités se comptent par milliers. En moyenne, c'est 5717 personnes qui meurent chaque mois. Ces chiffres sont tirés des statistiques officielles.
Historiquement, au Québec et dans l'ensemble du Canada, la grippe ou, plus généralement les infections virales provoquant une détresse respiratoire, n'ont jamais constitué la principale cause de mortalité, sauf, apprend-on, dans le cas exceptionnel de la grippe espagnole. L'article consulté de Québec Science rapporte que « la grande tueuse » fera entre 50 et 100 millions de morts dans le monde. «Au Canada, on dénombre 50 000 victimes, dont 14 000 au Québec. Au Labrador, un tiers des habitants perd la vie.»[1] Ce qui rajoute à la tragédie, c'est qu'à la différence de la COVID-19, qui fauche presque uniquement des personnes âgées ou des jeunes déjà affectés par d'autres pathologies, la grippe espagnole laissait bien des enfants orphelins car elle touchait en majorité le groupe d'âge des 20-40 ans. Comme cette grippe s'était développée à la fin de la guerre, on peut poser l'hypothèse que des dizaines de milliers de militaires en transit dans des navires et des trains bondés recevaient une charge d'inoculant à laquelle peu de métabolismes pouvaient résister. Mais comparaison n'est pas raison et, effectivement, mis à part l'état de guerre, on ne peut ignorer d'autres facteurs comme les soins de santé disponibles à l'époque, l'hygiène publique et la population totale.
Admettant que l'évolution de la situation puisse nous réserver des surprises, il faut tout de même noter que jusqu'ici la COVID 19 ne laisse pas présager un bouleversement important des statistiques de la mortalité. Et à cet égard, pour éviter la panique, l'anxiété, et l'instabilité émotive engendrée par les changements exigés dans les habitudes de vie en société, on serait en droit de s'attendre à ce que l'État fasse preuve de plus de transparence. Si les moyens statistiques permettent de connaître le nombre de morts au jour le jour, on souhaiterait connaître aussi la marge d'erreurs que comportent ces bilans quotidiens. Je ne sais pas dans quelle mesure cela peut être calculé mais il est bien connu aujourd'hui qu'un grand nombre des victimes sont déjà affectés par d'autres maladies. Dans le doute, la méthodologie actuelle attribue-t-elle toutes les mortalités au COVID-19 ? On peut présumer que la réponse est oui. Pour le contribuable, à qui on demande de renoncer à ses habitudes de vie, avec dans bien des cas de graves conséquences économiques et humaines, pourront-on prendre la peine de lui fournir toutes les données pour qu'il puisse mettre ensemble les pièces du casse-tête? Connaître le nombre total des mortalités de la journée toutes causes confondues pour la population du Québec, pour l'année courante et pour les années 2019 et 2018 est indispensable pour mesurer les effets de la pandémie. Si certains chiffres ne sont pas disponibles, le gouvernement devrait rappeler dans ses messages qu'ils sont manquants pour établir un bilan fiable. À l'heure actuelle, les chiffres divulgués sur la mortalité de la COVID 19 échappent à la rigueur. Faute de ces données, c'est l'État lui-même qui alimente une spéculation de tous bords sur l'état des lieux. Deuxièmement, et c'est préoccupant, ce qui est transmis quotidiennement semble se conformer à des règles directrices uniformes appliquées à l'échelle mondiale, ou du moins occidentale, quant au format visiblement limité des informations communiquées au grand public. Cette façon de faire ne fait pas appel à la raison mais porte à osciller entre inquiétude et réconfort. Cette forme de communication infantilisante encourage l'obéissance des masses mises en présence de faits mystifiés par le martellement d'une information parcellaire. Le comportement défensif des autorités politiques est naturellement de nature à nourrir toutes les hypothèses chez les citoyens éclairés qui veulent comprendre.
On n'en doutera pas, de nouvelles analyses et études émergent tous les jours en provenance de tous les horizons. Elles posent avec sérieux beaucoup plus de questions que les autorités semblent être en mesure de répondre. L'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui en mène large, dont le directeur aime se faire appeler docteur, mais qui n'est pas médecin, n'est pas épargnée. La croyance populaire voudrait qu'il s'agisse d'un organisme des Nations-unies au-dessus de tout soupçon, une sorte d'incarnation du bien public. Mais dans les faits, contrairement aux autres agences de l’ONU, l’OMS a été créée en 1948 par la Fondation Rockefeller[2]. C'est plutôt d'un partenariat public-privé qu'il s'agit, tel qu'on les connaît au Québec pour leur réputation d'engloutir des fonds publics au profit des entrepreneurs. Est-il normal que les pays prennent à ce point leurs directives d'un organisme dont l'imputabilité est limitée et l'impartialité mise en doute par un financement privé à hauteur de 50 % de son budget ? Si on ne peut reprocher à des fondations privées d'avoir leur propre agenda, le contraire serait surprenant, il serait aussi normal que la prudence du pouvoir public garde la distance nécessaire pour dissiper toute apparence de collusion ou de manipulation.