22.04.2015 - Honduras : les veuves des paysans sans terre d’El Tumbador

« Les pauvres ont besoin de la terre pour cultiver… Je ne suis plus comme avant, quand il était là. Tout a changé et personne ne me protège, à part Dieu. » La vie de Maria Concepcion Membreno a basculé, il y a quatre ans, lorsque son époux Teodoro Acosta a été abattu à bout portant de sept balles, lors d’un conflit foncier avec une entreprise agroalimentaire du Honduras. Le 15 novembre 2010, la tentative de paysans sans terre de récupérer un domaine disputé se solda par la mort de cinq campesinos et le viol de quatre femmes.

Dans les années 1990 et 2000, le gouvernement hondurien a attribué des terres détenues par l’État à des paysans sans terre dans la vallée de l’Aguán, la plupart du temps sans incidents sauf pour le domaine agricole d’El Tumbador. Selon l’Institut agraire national, les terres appartiennent à l’État, mais l’homme d’affaires Miguel Facussé, patron de la Corporacion Dinant, les utilise pour ses plantations de palmiers à huile. Face à l’inertie de l’État, des paysans de la vallée de l’Aguán ont occupé et exploité El Tumbador pendant quatre mois avant d’en être expulsés en août 2010 par des agents de sécurité de Dinant et des forces honduriennes. Le 15 novembre 2010, les hommes de Dinant ont ouvert le feu sur les paysans qui repartaient à l’assaut.

« À ce jour, personne n’a eu à rendre compte pour ce massacre », explique le rapport d’Oxfam. Les veuves d’El Tumbador ont le plus grand mal à nourrir leurs enfants depuis la disparition de leurs époux. L’entreprise Dinant, elle, se porte bien. Après avoir reçu un prêt direct de 15 millions de dollars de la SFI en 2009, Dinant a bénéficié indirectement de l’investissement de 70 millions de dollars de la filiale de développement de la Banque mondiale dans la banque hondurienne Ficohsa, qui finance des petites et moyennes entreprises. Or, Dinant se trouve être le troisième plus gros client et un des principaux emprunteurs de Ficohsa. Malgré des enquêtes internes reprochant à la SFI « un manquement considérable à son devoir de vigilance » pour son investissement dans Ficohsa, en raison notamment des violences fomentées par Dinant, le prêt n’a pas été remis en cause.

 

Source : L'Humanité

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