19.04.2015 - Le génie du pornographisme

Saint Paul considérait l’apostasie comme le seul péché sans rémission. Il est impossible, disait-il, pour ceux qui une fois ont goûté au don céleste, qui sont devenus participants de l’Esprit Saint, qui ont savouré la belle parole de Dieu et les forces du monde à venir, et qui néanmoins sont tombés, de les rénover une seconde fois en les amenant à la pénitence. Mais se figurait-il que la chrétienté serait un jour ainsi supplantée dans son rayonnement évangélique par les boulards et les sex-tapes ?

A moins que ce soit précisément son propos, à moins que réside dans cette considération une inquiétude prophétique augurant l’avènement d’une irrépressible mythologie païenne… Sûrement avait-il deviné qu’un jour, pieux ou prou, les hommes seraient soumis à un même démon, réunis sous le joug numérique des bukkakes, des gangbangs, et des double-pénérations.

C’est implacable : nous sommes tous, à différents degrés selon les cas, de vils pornophages. Versant industriel de la séculaire pornographie, le porno est un catalyseur de la modernité ; cette modernité qui tend, par la perpétuelle mise à mort du secret, à uniformiser, niveler et cadenasser les désirs de chacun. Excepté pour de rares spécimens déconnectés, en dépit de nos réticences et de nos relents puritains, le porno est notre horizon terrestre universel. Il est un culte dont nous sommes les fervents dévots. Nous pourrions le réfuter de toutes nos forces, avec autant de vigueur que nos corps et nos esprits consentent à nous donner, que nous n’en serions que plus vaniteux et faux.

Le porno on tombe dedans petit, sans que le choix nous soit laissé, comme on tomberait dans la marmite ou dans le bénitier, et c’est alors que pendant le reste de sa vie, chaque soir, on fait sa prière en se dégorgeant les valseuses. Au commencement est le Web ; la pine se raidit dès qu’on bigle le cortège des gigues béantes ; en une fraction de clic on touche à ce qu’on croit être de la volupté ;… et ça fait du bien par où ça sort.

Défloré des mirettes, rôdé du poignet, on se familiarise aussitôt avec le cheptel des professionnelles du milieu. Callipyges acrobates avaleuses de zobs, orifices sur pattes à la sauce de roubignoles, le sobriquet sexy de ces idoles contemporaines n’excède jamais deux syllabes. Elles se nomment Katie, Lela, Jesse, Britney, Nikki, Jenna, Tori, Hannah, Mindy… Filles de pochtrons à la torgnole facile, venues au monde dans les tréfonds du Wisconsin ou du Dakota, ce sont des étudiantes sans-le-sou, des pauvresses à la culture aléatoire, descheerleaders à la dérive…

 

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