21.12.2018 - Des troupes seront déployées en cas de Brexit sans accord

Le gouvernement conservateur de Theresa May a annoncé hier que 3.500 soldats se tenaient prêts à intervenir pour faire face aux perturbations économiques et aux troubles sociaux dans le cas d'un Brexit sans accord.

Le Royaume-Uni risque une sortie chaotique de l'Union européenne (UE) si aucun accord ne peut être adopté par le Parlement avant le 21 janvier 2019. May a refusé de soumettre l'accord conclu avec l'UE à un vote au Parlement le 11 décembre, sachant qu'il aurait été rejeté. Le Royaume-Uni doit quitter l'UE le 29 mars 2019.

Le secrétaire à la Défense, Gavin Williamson, a déclaré devant le Parlement que son ministère «comptera 3.500 soldats en alerte, comprenant du personnel en service et des réservistes, afin d’appuyer tout service gouvernemental dans tout aléa auquel ils doivent faire face».

L'annonce selon laquelle les ministres devaient «accélérer» les préparatifs en vue d'un Brexit sans accord intervient après la réunion du cabinet ministériel, mardi matin. Selon le Guardian, «Downing Street [le siège du premier ministre] a déclaré que l’adoption de l’accord conclu par la Première ministre ‘est la priorité absolue’, mais lorsque les trois options ont été présentées aux ministres à savoir: augmenter, maintenir ou réduire les préparatifs, le cabinet a été unanime pour mettre en œuvre tous les plans d'urgence dans tous les ministères.»

La décision a été prise après que le chef du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, eut de nouveau refusé de présenter une motion de censure au gouvernement, après une journée au cours de laquelle la tergiversation politique de Corbyn a pris des allures de farce.

Hier, peu après 15 heures, le bureau central du Parti travailliste a fait savoir que Corbyn allait présenter une motion de censure visant la Première ministre, et non le gouvernement, juste avant que May prononce son discours au Parlement à 15h30, si elle n’annonçait pas de date pour un débat parlementaire sur son projet d'accord avec l'UE.

Le texte de la motion indiquait que: «Le Parlement n' a aucune confiance en la Première ministre car elle n'a pas permis à la Chambre des communes de voter immédiatement sur l'accord de retrait et le cadre des relations futures entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. »

Les médias ont immédiatement déclaré que Corbyn s’est «dégonflé ». Sa motion n’engageait ni le Parti travailliste ni le Parlement à aucune démarche.

Il a notamment évité de mettre en place un vote de censure contre l'ensemble du gouvernement qui, aux termes de la Loi sur les durées des mandats parlementaires de 2011, devrait faire l'objet de mesures et d'un débat dès que le chef de l'opposition l'exigera. Si Corbyn avait déposé une motion libellée précisément comme suit: «Que cette Chambre ne fasse pas confiance au gouvernement de Sa Majesté», une motion de censure contre le gouvernement devrait être présentée dans un délai de 14 jours ou des élections générales seraient déclenchées.

Le Parti unioniste démocratique (DUP), dont May dépend pour sa majorité parlementaire, et le Groupe de Recherche européen conservateur en faveur d’un Brexit sans accord, ont immédiatement annoncé qu'ils ne soutiendraient pas la timide résolution de Corbyn.

Lorsque May a pris la parole, elle a annoncé qu'elle avait l'intention de demander des concessions à l'UE et qu'elle les présenterait ensuite aux députés pour qu'ils votent l’accord au cours de la semaine du 14 janvier, c'est-à-dire à la veille du dernier délai de vote. Son intention était clairement de proposer aux députés un ultimatum – voter pour son accord ou faire face à un Brexit brutal sans accord – afin de minimiser toute rébellion de la part des conservateurs et du DUP et dans l’espoir d'obtenir également le soutien réticent des députés travaillistes blairistes pro-UE.

Pire encore, Corbyn a pris la parole après May sans présenter sa motion ! Ce n'est qu'après trois heures de débat – et après que le ministre fantôme des Finances John McDonnell eut déclaré que le Parti travailliste avait obtenu ce qu'il souhaitait suite à une date fixée par May et qu'il ne donnerait pas suite à la motion – que Corbyn présenta ensuite sa motion, déclarant qu'un vote en janvier était inacceptable.

Le geste de Corbyn était si pitoyable que May a quitté immédiatement la Chambre du Parlement, laissant le bureau de la Première ministre traiter sa motion de «coup de pub» qui n’obtiendrait aucun temps parlementaire pour être débattue.

Une fois de plus, Corbyn a joué un rôle déterminant en permettant à deux clans de la classe dirigeante – les conservateurs pro-Brexit d'un côté et les blairistes de droite pro-UE de l’autre – de dominer les événements politiques, y compris de planifier l'utilisation de troupes contre la classe ouvrière.

La politique de Corbyn est un exemple frappant de crétinisme parlementaire. Il justifie le fait de ne pas prendre une position de principe, celle d’exiger la fin d'un gouvernement conservateur qui a imposé une austérité brutale à des millions de personnes et qui est trempé dans des aventures militaires meurtrières au Moyen-Orient et dans le monde, avec l’argument qu’en attendant un peu – et en permettant au plan de May d’être rejeté – cela ouvrirait la possibilité d’obtenir un consensus de tous les partis en faveur d’élections générales afin que le Parti travailliste puisse renégocier un Brexit assoupli ou, à défaut, le deuxième référendum exigé par les blairistes.

Comme c’est maintenant l’habitude, cela a laissé le champ libre à ses opposants de droite pour le dénoncer pour ne pas avoir réclamé la chute du gouvernement: non pas parce qu'ils la souhaitent, mais parce que cela permettrait enfin de mettre de côté la question des élections générales, ouvrant ainsi la voie à un deuxième référendum avec la possibilité de rester dans l’UE.

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