Le Pacte sur les Migrations a déjà fait éclater le gouvernement de coalition belge et de plusieurs Etats ont préféré s'en retirer, tandis que d'autres auraient préféré plus de consultation. Le texte présenté comme non-contraignant est-il mort-né ?
Des représentants de plus de 150 pays (sur les 193 pays représentés à l'ONU) se sont réunis ce 10 décembre à Marrakech, au Maroc, afin d'approuver le pacte mondial des Nations unies sur les migrations, un texte qui polarise à travers le monde les voix critiques contre l'immigration. Décrié notamment par les populistes de droite occidentaux, le texte, qui se veut «non contraignant» pour les Etats signataires, vise à rendre les migrations «bénéfiques à tous». Il énumère en ce sens 23 objectifs avec, pour chacun d'eux, les mesures nécessaires à entreprendre pour les atteindre. Or, celles-ci ont été perçues comme des entraves à la souveraineté nationales par un certain nombre d'Etats qui ont choisi de se dissocier du pacte ou de le soumettre à des consultations internes.
Etats-Unis, Hongrie, Autriche ou encore Pologne ont dit «non»
Plusieurs pays ont d'ores et déjà choisi de se retirer du pacte, après avoir approuvé le texte le 13 juillet dernier à New York. C'est notamment le cas de l'Autriche, l'Australie, le Chili, la République tchèque, la République dominicaine, la Hongrie, la Lettonie, la Pologne et la Slovaquie.
Les Etats-Unis, qui s'étaient retirés de l'élaboration du texte en décembre 2017 en le jugeant contraire à la politique d'immigration du président Donald Trump, ont lancé ce 7 décembre une nouvelle salve contre le Pacte et contre toute forme de «gouvernance mondiale». «Les décisions sur la sécurité des frontières, sur qui est admis à résider légalement ou à obtenir la citoyenneté, figurent parmi les plus importantes décisions souveraines qu'un pays peut prendre», a fustigé la mission diplomatique américaine à l'ONU dans un communiqué.
Par ailleurs, sept pays ont souhaité plus de consultations internes : Belgique, Bulgarie, Estonie, Israël, Italie, Slovénie et Suisse, selon les informations de l'AFP.
Contestations au sein de certains pays
La question du pacte a en outre provoqué des remous politiques au sein de certains pays. Ainsi, le 8 décembre, les ministres nationalistes flamands de la N-VA ont décidé de démissionner de la coalition au pouvoir en Belgique depuis quatre ans, en raison de leur opposition au texte, soutenu par le reste de la majorité.
A Ottawa, des échauffourées ont opposé le 8 décembre des groupes pro-immigration et des militants opposés à l'adhésion au pacte. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau avait prévenu de son intention ferme de l'adopter : «Accueillir les gens venus du monde entier grâce à un système d'immigration rigoureux est ce qui a fait du Canada un pays fort, et c'est quelque chose dont le monde a toujours davantage besoin», selon lui.
Côté français, la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen s'est à plusieurs reprises offusquée que la France signe un pacte «immigrationniste», «en catimini», et a tenu le 8 décembre un meeting à Bruxelles avec Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, afin de le critiquer vigoureusement.
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