13.04.2015 - Erreurs intensives

Cette semaine, la journaliste Daphnée Dion-Viens nous apprenait qu’un front commun des principaux acteurs de l’éducation s’unissait — enfin — pour demander prochainement une réunion avec le nouveau ministre de l’Éducation dans le but de manifester leur désapprobation à l’encontre de l’anglais intensif obligatoire. Assez rare effectivement que nous pouvons voir les directeurs d’école, les syndicats d’enseignants et les comités de parents main dans la main. Cela devrait être beaucoup plus souvent le cas, car tous devraient travailler en premier pour le bien des élèves. Force est d’admettre que ce n’est malheureusement pas toujours le cas.

Le dossier est connu et fait jaser depuis longtemps : le gouvernement libéral voudrait imposer l’anglais intensif à tous les élèves de sixième année du primaire. On prévoit la compression du programme de dix mois à cinq et d’offrir, les cinq mois restants, exclusivement de l’anglais. Il est à noter que cette obligation ne concernerait que les commissions scolaires francophones, personne ne semblant s’inquiéter que l’inverse, soit d’imposer le français intensif aux élèves des commissions scolaires anglophones, ne soit pas dans les projets du ministre de l’Éducation, ni même de ses prédécesseurs. Les élèves du secteur anglophone ont quand même accès à l’immersion française – la loi 101 empêche le contraire —, mais tous ne s’en prévalent pas. Que le jeune francophone soit bilingue semble une priorité pour le gouvernement libéral, mais le contraire ne semble pas trop l’inquiéter.

Comme si l’apprentissage du français langue seconde était moins important que celui de l’anglais. Évidemment, personne ne niera que l’apprentissage de l’anglais – langue véhiculaire mondiale — est un plus pour tous ceux qui le désirent. L’apprentissage du français — deuxième langue véhiculaire mondiale — est aussi un atout pour tous les élèves du Québec, et même du Canada, où le français n’est pas nécessairement bien enseigné, faute d’enseignants qualifiés.

D’ailleurs, à ce sujet, Le Maclean’s de mars sonnait l’alarme : le programme d’immersion française, partout au Canada – qui était destiné à inspirer l'unité nationale... — se serait transformé en un système élitiste, diviseur et problématique, et cela, c’est quand vous pouvez y trouver une place : il n’est pas rare de voir des parents faire du camping, dans les provinces canadiennes, pour inscrire leurs enfants à l’immersion française. L’immersion française a très bonne réputation, plusieurs parents considèrent « les programmes d’immersion comme une école privée dans le système public ». Les programmes ne répondent pas à la demande, faisant en sorte que plusieurs inscriptions y sont faites par copinage... La réputation du français hors Québec est parée de velours. Ici, elle a l’air de la chienne à Jacques.

Le français n’attire plus autant les foules, ni les militants. D’ailleurs, il y a quelques jours, une juge rendait son jugement en anglais, alors que l’audience s’était tenue en français, et pratiquement personne ne s’en offusquait... pas même la ministre de la Justice, qui semblait s’en balancer, royalement.

 

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