18.11.2018 - « Forum pour la paix » : l'intégration militaire européenne qui fait saliver les marchands de canons

L'« armée européenne » que veut le président français est une chimère, et la progression de l'intégration militaire de l'UE et la posture anti-russe vont à l'encontre des intérêts des peuples, pointe Pierre Lévy, rédacteur en chef du mensuel Ruptures.

Le maître de l'Elysée ne craint pas la contradiction, ni le cynisme. Il a réussi l'exploit de prononcer un vibrant plaidoyer pour la paix, à l'occasion du Forum du même nom le 11 novembre, sans faire allusion à l'un des conflits actuels les plus sanglants : l'agression barbare menée par la coalition autour de l'Arabie saoudite contre le Yémen. Avec le soutien occidental, et des armes notamment françaises.

Surtout, quelques jours auparavant, Emmanuel Macron avait appelé de ses vœux la création d'une « véritable armée européenne ». Est-ce ainsi que le président entend tourner le dos à « l'ancien monde» , un des slogans récurrents de sa campagne ?

Car le moins que l'on puisse dire est que le projet n'est pas franchement nouveau. Il avait failli voir le jour en... 1954 sous le nom de Communauté européenne de défense (CED). Mais une majorité au sein du Parlement français (par une conjonction des voix de députés communistes, gaullistes et d'autres républicains) avait fait capoter cette première tentative.

En 2006, Laurent Fabius relançait cette chimère dans une tribune publiée par Le Monde (22/05/2006). Il y proposait notamment le « grand dessein » d'une intégration militaire européenne avec comme étape une armée unique franco-allemande « à l'horizon 2014, soit cent ans après Verdun ».

En réalité, une véritable armée européenne est impensable, tant les approches (stratégiques, historiques, politiques) et les intérêts au sein même de l'Union européenne sont divergents. Dernier exemple en date : la commande par le gouvernement belge de ses avions de combat de demain : plus de trente F-35 du constructeur... américain Lockheed-Martin.

Mais le chef de l'Etat tente désespérément de trouver un axe (supposé consensuel) qui relancerait l'« idée européenne », au moment où celle-ci agonise - et tant mieux ! - sous le poids des crises et contradictions (crise de l'union monétaire, des migrations, Brexit...).

Les déclarations présidentielles n'en sont pas moins inquiétantes. D'une part parce que si une « armée européenne » unique est un mythe, l'Europe militaire progresse discrètement, en contradiction avec les intérêts des peuples. D'autre part parce que les arguments utilisés par le maître de l'Elysée traduisent une posture belliqueuse, notamment vis-à-vis de la Russie.

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