12.04.2015 - Lorsque le gouvernement considère sa propre population comme l’ennemi

Le contrôle des populations: par qui? pour quoi? comment?

Le débat public sur la surveillance étatique qui a été, sinon inauguré, en tous cas intensifié par la publication des documents fournis par Edward Snowden a été, à certains égards, surréaliste et trompeur. Un camp affirme que la surveillance de masse de la NSA est nécessaire pour protéger le public du terrorisme et qu’en fait, elle a permis de déjouer de nombreuxactes terroristes potentiels. L’autre camp affirme, avec de meilleurs arguments, que la collecte de données tous azimuts a peu ou pas d’impact sur la protection des simples civils. Mais peu de commentateurs sont assez audacieux pour déduire de tout cela que pour commencer le gouvernement n’a aucun intérêt à protéger ses citoyens (en tant que tels). En fait, il a intérêt à faire exactement le contraire: exposer ses citoyens au danger – à l’exception de certains privilégiés .

 

Vous trouvez cela absurde ? Alors penchez-vous sur l’actualité récente et vous verrez qu’elle ne corrobore pas du tout l’idée que le gouvernement américain se soucie de la protection des Américains. La pièce à conviction n°1 est l’attaque du 11 septembre. C’est depuis longtemps devenu un lieu commun chez les gauchistes et les libéraux de citer le mémo de la Maison Blanche du 6 août 2001, portant le titre Ben Laden est déterminé à frapper les États-Unis, qui a apparemment été ignoré à l’époque par l’administration Bush. Peut-être plus accablant encore est le livre de 2006 de Lawrence Wright: The Looming Tower, qui montre on ne peut plus clairement que la lutte contre le terrorisme n’était pas la priorité de la CIA et du FBI, même après les attentats du World Trade Center en 1993 et d’Oklahoma City en 1995. Quelqu’un qui aurait l’esprit mal tourné pourrait penser que les institutions gouvernementales doivent être capables d’autre chose que d’attraper des voleurs et que, peut-être, l’organisation et les efforts ridiculement contre-productifs – du point de vue de la lutte contre le terrorisme – de la CIA et du FBI avant le 11 septembre avaient, par une logique institutionnelle pervertie, précisément pour but de rendre possible ce qui est arrivé: un acte terroriste de grande envergure.

C’est aussi un lieu commun que de dire que la guerre en Irak de George W. Bush, loin de diminuer le terrorisme, l’a augmenté substantiellement, le multipliant sans doute même parsept. C’était prévisible, et avait été prédit en 2003; ce qui signifie, en toute logique, que l’administration Bush, à tout le moins, n’avait aucun problème à exposer les civils américains (et bien sûr étrangers) à de plus grands dangers. La même logique s’applique à la guerre de drones d’Obama dans le monde, qui a apparemment assassiné cinquante civils pour chaque terroriste tué. Sans surprise, elle a alimenté le terrorisme, et donc amplifié la menace contre les Étasuniens. (En fait, la campagne de drones est en elle-même du terrorisme, mais, ici, je m’en tiens à la manière habituelle dont les Étasuniens utilisent ce mot, en l’appliquant uniquement aux gens que le gouvernement américain n’aime pas.)

On pourrait allonger la liste indéfiniment. Par exemple, la sordide leçon à tirer de la débâcle de l’ouragan Katrina en 2005, c’est que la protection des Étasuniens contre une catastrophe naturelle n’était pas une priorité du gouvernement à quelque niveau que ce soit, du moins pas les gouvernements concernés.

Le comportement déplorable de la police dans les jours qui ont suivi l’ouragan confirme cette analyse. Les victimes ont été traitées comme des criminels, et pas comme des gens qui avaient besoin de protection et qui la méritaient.

Lire la suite sur lesakerfrancophone.net

Ajouter un Commentaire

Veuillez noter que votre commentaire n'apparaîtra qu'après avoir été validé par un administrateur du site. Attention : Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.


Code de sécurité
Rafraîchir