16.09.2018 - Immigration et intégration au Québec

Il est tout à fait hallucinant de constater que la volonté de ramener les seuils d'immigration à 40 000 par année passe pour de la fermeté, alors qu'il s'agit d'une baisse cosmétique, proposée pour donner une image de fermeté identitaire à la CAQ, sans pour autant rompre avec le principe d’une immigration massive. 40 000 immigrés par année, cela dépasse largement nos capacités d’intégration qui ne sont pas infinies, et qui sont même aujourd’hui fragilisées, pour de nombreuses raisons.

Le débat sur l'immigration est mal cadré, en plus d'être enfermé dans une logique économiciste et étroitement matérialiste. On nous répète sans cesse que le Québec subirait une pénurie de main d’œuvre sans que jamais cette notion ne soit sérieusement questionnée: elle en vient à structurer le discours public et à congeler toute réflexion approfondie. Il est fascinant de voir qu’en la matière, la droite néolibérale style PLQ et la gauche multiculturaliste style QS tiennent le même discours.

Il faudrait aussi aborder la question de l’intégration culturelle des immigrés avec un peu de sérieux. L’intégration culturelle des immigrés ne saurait se réduire à une francisation superficielle – une francisation, qui en plus de cela, fonctionne très mal, ce qu’on cherche à cacher avec une forme d’enfumage statistique en soutenant que 95% des Québécois peuvent soutenir une conversation en français, ce qui ne veut absolument rien dire sur le plan de la langue commune.

Si la CAQ propose une politique d’intégration bancale qu'elle est même en train d'abandonner sans trop l'avouer, on ne saurait non plus négliger ce vieux principe: à Rome, on fait comme les Romains. C’était le principe au centre de la Charte des valeurs du gouvernement Marois: sous une forme ou sous une autre, il faudra y revenir en mettant de l'avant le principe de laïcité. Elle avait aussi la vertu de nous placer en contradiction avec le multiculturalisme d’État pratiqué au Canada, qui contribue à la canadianisation identitaire des immigrés et empêche globalement leur intégration à la majorité historique francophone, alors que c'est d'abord à travers elle qu'on s'intègre au Québec. Le multiculturalisme canadien, dans le cadre du régime de 1982, a institutionnalisé le procès de l'identité québécoise et ne cesse de travailler à sa déconstruction.

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