07.04.2015 - Juifs de France : quand l'alya devient une galère

De nombreux juifs français partis s'installer en Israël finissent par revenir, souvent après une intégration économique plus difficile qu'espérée. Témoignages.

C’est un grand quadrilatère bordé d’immeubles des années 1970, connu dans tout Israël sous le nom de Kikar. Ces derniers temps, la place de l’Indépendance, au cœur de Netanya, une ville balnéaire à 30 kilomètres au nord de Tel-Aviv, est devenue le rendez-vous de la jeunesse française désœuvrée. Le samedi, à la sortie de shabbat, ils sont des dizaines, habillés "chalala", le style "feuj parisien", jean slim, baskets Nike Air Jordan et kippa, à traîner, cigarette au bec, à parler de rien, de tout, du mal du pays, de soucis d’ados.

L’association Elem avait l’habitude de s’occuper des jeunes Russes et Éthiopiens. Elle a décidé de prendre en charge les Français. L’une de ses camionnettes tourne désormais sur la place de l’Indépendance avec à son bord du café et des assistantes sociales. Omer, un responsable d'Elem, raconte : "Arriver en Israël à l'adolescence s'avère souvent difficile. Les gamins n'ont pas les codes des jeunes de leur âge, ni la langue. Ils se sentent rejetés." Il poursuit :

"Souvent, ils ne voulaient pas quitter la France, ce sont leurs parents qui ont décidé pour eux. On a même des cas où leur famille ne leur avait pas dit qu’elle faisait son alya [littéralement "ascension" en hébreu, NDLR] : ils pensaient partir en vacances en Israël comme chaque été. Une fois sur place, on leur a dit que c’était fini, qu’ils ne rentreraient plus."

Idéal israélien

L’Hexagone est devenu le plus grand vivier d’émigrants vers l’Etat hébreu. Cette année, 10.000 Français pourraient partir s’installer là-bas. Les chiffres sont en constante augmentation depuis le début des années 2000. Et les attentats de "Charlie Hebdo" et de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes ont encore renforcé les velléités de départ.

Mais l’atterrissage sur place est parfois rude. Daniel Benhaïm, directeur de l’Agence juive en France, l’organisation paragouvernementale en charge de l’émigration, prévient :

"On ne promet pas l’eldorado. L’alya est complexe et difficile."

La liste des écueils est connue : barrière de l’hébreu, casse-tête pour trouver un logement (les prix de l’immobilier ont bondi de 55% à l’achat et de 30% à la location entre 2008 et 2013), difficultés à décrocher un travail, salaires stagnants, système social peu protecteur, indemnités de chômage faibles, parc HLM inexistant… "Mais la différence entre l’'idéal israélien' et la réalité du quotidien ne s’impose qu’à l’arrivée, indique Avi Zana, directeur général de l’Ami, la principale organisation d’aide aux olim [émigrés] de France. Les Français s’imaginent bien connaître le pays car ils viennent souvent en touristes." Il poursuit :

 

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