02.04.2015 - De la métamorphose du gouvernement et de l’armée US en Meurtres & Compagnie (Paul Craig Roberts)

Andrew Cockburn vient de sortir un ouvrage que chacun devrait lire. Son titre est Kill Chain : The Rise of the High-Tech Assassins [Meurtres en série : l’âge de l’assassinat de haute technologie]. Et son titre pourrait tout aussi bien être : De la métamorphose du gouvernement et de l’armée des USA en Meurtres & Compagnie.

L’armée des USA ne mène plus de guerres. Elle pratique l’assassinat, et généralement des mauvaises personnes. Les principales victimes des meurtres perpétrés par la politique étrangère des Etats-Unis sont des femmes, des enfants, des chefs de village, des participants à des mariages, à des enterrements, et parfois même des soldats américains confondus avec des talibans par les moyens de surveillance US, qui travaillent avec une acuité visuelle comparable à la définition légale de la cécité.

Cockburn nous explique comment l’élément humain a été écarté, pour faire place à des exécutions depuis des milliers de kilomètres, guidées par l’interprétation approximative d’images peu claires collectées par des drones et des senseurs. Cockburn nous montre que le système panoptique de surveillance par drones est un fiasco opérationnel, mais qu’il reste soutenu par les industries de l’armement en raison de sa forte profitabilité, et par les haut gradés militaires qui, à l’exception du Général Paul Van Riper, sont endoctrinés dans la croyance que le progrès dans les affaires militaires passe par le remplacement de l’élément humain par l’électronique. Cockburn démontre que cette croyance résiste à toutes les preuves du contraire. L’armée des USA en est maintenant arrivée au point où le Secrétaire à la Défense Chuck Hagel a désactivé la production des chasseurs de support au sol A-10 et des avions espions U-2 en faveur du système de drones Global Hawk (Faucon Global), bien que celui-ci ait montré son inefficacité opérationnelle. Avec le A-10 et le U-2, ce sont les dernières plateformes permettant à un œil humain d’observer ce qui se passe au sol qui ont disparu.

Les technologies de surveillance par senseurs ne peuvent détecter les empreintes de pas dans la neige. C’est pourquoi des drones ont pu conclure que le sommet d’une montagne n’était pas tenu par l’ennemi, et ont envoyé un détachement de SEALS [des sections d’assauts, NdT] non préparés, qui se sont fait laminer. Comme les gadgets technologiques continuaient à insister sur l’absence d’ennemis, un deuxième groupe de SEALS a été envoyé se faire abattre, puis un détachement de Rangers. Finalement, un pilote de A-10 a volé au-dessus de la scène et a rapporté la présence de forces ennemies.

En 2012, même l’US Air Force, qui fait pourtant une confiance aveugle aux systèmes de drones sans pilotes, avait expérimenté plus de dysfonctionnements qu’elle ne pouvait l’accepter. L’Air Force a fini par admettre que le U-2 vieux de 50 ans, pouvait voler plus haut, durant de mauvaises conditions climatiques, et prendre de meilleures photos que le système Global Hawk au coût exorbitant, et il a déclaré que ce système devait être abandonné.

La décision était soutenue dans un rapport du bureau des essais du Pentagone datant de 2011, attestant que le système par drones n’était pas efficace d’un point de vue opérationnel. Parmi ses nombreux défauts, on trouve l’incapacité à remplir les missions qui lui sont assignées, et ce 75% du temps. Le président du Comité des chefs d’état-major interarmées avait indiqué au Congrès qu’en plus des taux d’échecs inacceptables du système de drones, celui-ci «en est arrivé à présenter un coût dépassant notre capacité à le financer».

Et, comme le rapporte Cockburn, «cela n’a fait aucune différence. Le Congrès, mené par le président du Comité des forces armées de la chambre Buck McKeon, et le membre démocrate du Congrès Jim Moran (dont le district du Nord de la Virginie abrite les sièges de Northrop et Raytheon), a fait la sourde oreille, et a obligé l’Air Force à continuer à acheter le drone non désiré».

Cockburn évoque de nombreux exemples illustrant l’échec complet de la révolution des drones lancée par quelques rêveurs déconnectés de la réalité, comme Andrew Marshall, John Foster, William Perry et David Deptula, et qui a énormément coûté à l’armée et aux contribuables des États-Unis. On peut trouver de nombreux exemples de défaillances, à vous briser le cœur. Dans presque tous les cas, les victimes sont des innocents vaquant à leurs occupations.

 

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