22.07.2018 - L’Espagne renonce à faire extrader Puigdemont d’Allemagne

Hier, la Cour suprême espagnole a abandonné sa campagne pour faire extrader d’Allemagne l’ex-président régional de Catalogne Carles Puigdemont.

Puigdemont avait fui de Barcelone à Bruxelles à l’automne pendant la répression de masse lancée par Madrid du référendum d’indépendance catalane. Berlin l’avait détenu en mars et relâché sous caution en avril. Et la semaine dernière, la cour régionale du Schlwesig-Holstein avait tranché que son extradition était possible, mais uniquement pour cause de malversation des fonds publics ayant financé le référendum et non pas pour rébellion, chef d’accusation plus grave.

Le juge Pablo Llarena a publié hier une déclaration qui critique la cour allemande. Epinglant son «manque de souci» face à des actions qui «auraient pu renverser l’ordre constitutionnel espagnol», Llarena a accusé la cour du Schleswig-Holstein d’avoir outrepassé ses compétences en se fondant sur des «positions non clarifiées.»

Toutefois, Llarena a choisi de ne pas attaquer cette décision en justice. Il a indiqué que Madrid ne ferait pas appel de la décision devant la Cour européenne de justice. Il a également retiré les mandats d’arrêt européens lancés par Madrid contre Puigdemont et d’autres responsables catalans qui ont fui avec lui pendant la répression en Catalogne.

Les mandats d’arrêt espagnols contre Puigdemont pour rébellion et pour malversation sont toujours en place. «Carles Puigdemont pourra voyager librement hors d’Espagne sans crainte d’être détenu», a conclu le journal social-démocrate El Pais.

Puigdemont a dit sur Twitter que c’était «la preuve de l’immense faiblesse» des chefs d’accusation contre les nationalistes catalans et a appelé à la libération des détenus politiques catalans. Le président catalan actuel, Quim Torra, a aussi réagi à la décision de Llarena en appelant à la «libération de tous les détenus nationalistes et le retour des exilés cet après-midi.»

Mais le procureur ne projette ni de libérer les responsables catalans détenus par Madrid, dont le vice-président Oriol Junqueras, ni de pardonner ceux qui ont fui avec Puigdemont. Sous María José Segarra, la procureure du nouveau gouvernement PSOE, Madrid gardera le cap fixé par l’ancien gouvernement de droite du Parti populaire (PP). Segarra prépare l’argument qu’à cause de la décision allemande, les détenus «risquent de s’enfuir» et qu’il faut donc prolonger leur détention.

Le gouvernement social-démocrate minoritaire et ses soutiens dans Podemos, le parti de pseudo gauche lié à Jean-Luc Mélenchon en France, détiennent toujours Junqueras, plusieurs autres ministres catalans, et deux dirigeants d’associations catalanes, Jordi Sànchez and Jordi Cuixart. Le PSOE et Podemos ont présenté cyniquement leur transfert vers des prisons en Catalogne comme une avancée démocratique. Les prisonniers sont inculpés de rébellion et risquent 30 ans de prison.

Ces conflits sont les retombées au sein de l’élite dirigeante espagnole de la crise provoquée en Catalogne par une décennie de mesures d’austérité européennes après le krach de 2008. Sur fond de conflits entre Madrid et Barcelone sur comment organiser les coupes sociales dictées par Bruxelles, les nationalistes catalans ont lancé un référendum d’indépendance pour tenter de contrôler la colère sociale et d’attiser les divisions nationales entre les travailleurs espagnols. Madrid a réagi par une répression brutale d’électeurs pacifiques qui a entraîné l’hospitalisation de presque 1.000 personnes.

Sous Mariano Rajoy, le PP a incité une hystérie fascisante et tenté de mater la crise par la terreur, en utilisant l’article 155 de la Constitution de 1978 pour imposer un régime non-élu en Catalogne.

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