14.07.2018 - L’OTAN, en guerre contre elle-même, se réarme pour faire la guerre avec le monde

La couverture médiatique du sommet de l’OTAN de cette semaine a été dominée par l’intensification des tensions entre le président américain Donald Trump et les alliés militaires de Washington, en particulier l’Allemagne, sur fond de la guerre commerciale internationale lancée par la Maison-Blanche le mois dernier.

Malgré les expressions de division, couronnées par les exigences de mafioso de Trump pour des dépenses militaires supplémentaires de la part de ses alliés de l’OTAN qualifiés de « délinquants » (parce qu’ils n’ont pas payé leur note), tous les membres de l’Alliance ont réaffirmé leur engagement envers un énorme réarmement militaire, financé par des coupes drastiques dans les infrastructures publiques et des attaques sur la position sociale de la classe ouvrière.

Jens Stoltenberg, le Secrétaire général de l’OTAN, a déclaré à la fin du sommet : « Après des années de déclin, quand les Alliés coupaient des milliards, maintenant ils rajoutent des milliards. » Il s’est félicité du fait qu’au cours de la dernière année et demie, « Les alliés européens et le Canada ont rajouté 41 milliards de dollars supplémentaires à leurs dépenses de défense. »

Le résultat le plus immédiat et le plus tangible du sommet a été le plan de l’OTAN d’augmenter le nombre de forces militaires à haut niveau de préparation prêtes à attaquer la Russie, ou n’importe quel autre pays, à tout moment. La résolution du sommet a déclaré que « les Alliés offriront 30 autres grands navires de guerre de la marine, 30 bataillons de manœuvres lourds ou moyens et 30 escadrilles aériennes pouvant emporter des obus cinétiques, avec des forces de soutien, tous prêts dans un délai d’au moins 30 jours. »

La résolution a réaffirmé les actions de l’OTAN pour déployer « quatre groupements tactiques multinationaux de la taille d’un bataillon prêts au combat en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne,», y compris « plus de 4 500 soldats provenant de toute l’Alliance, capables d’opérer aux côtés des forces nationales de défense chez elles » tous à quelques centaines de kilomètres de la deuxième plus grande ville de la Russie, Saint-Pétersbourg.

Le sommet a également convenu de créer deux nouveaux quartiers généraux de commandement : un à Norfolk, en Virginie, « pour se concentrer sur la protection des lignes de communication transatlantiques » et un nouveau centre de commandement en Allemagne pour « assurer la liberté d’opération et de soutien dans la zone arrière pour assurer la circulation rapide des troupes et de l’équipement dans, à travers, et depuis l’Europe. »

La résolution du sommet réaffirme l’expansion de l’arsenal nucléaire, et déclare : « Aussi longtemps que les armements nucléaires existent, l’Otan restera une alliance nucléaire. Les forces stratégiques de l’Alliance, surtout celles des États-Unis, sont la garantie de la sécurité des Alliés. »

Il a aussi promis de poursuivre l’expansion vers l’est de l’OTAN, réitérant les projets de l’OTAN d’inviter la Macédoine, l’Ukraine et la Géorgie à rejoindre l’alliance anti-russe.

Le renforcement militaire massif dans toute l’Europe sera financé par des attaques intensifiées sur la classe ouvrière, par le démantèlement des filets de sécurité sociale et les initiatives novatrices du gouvernement du président français Emmanuel Macron : des réductions de salaires et d’avantages sociaux pour les travailleurs publics et la privatisation des actifs de l’État.

Trump a précisé que son exigence d’une plus grande dépense militaire européenne est inséparable de sa politique économique mercantiliste visant à améliorer la balance commerciale américaine avec l’Allemagne, le troisième exportateur du monde après la Chine et les États-Unis.

Ses dénonciations de l’Allemagne pour son achat de gaz naturel en provenance de Russie sont devenues un point central du sommet. Selon Trump, l’Allemagne, qui exporte deux fois plus aux États-Unis qu’elle n’en importe, doit acheter du gaz naturel américain à des prix élevés si elle veut recevoir une « protection » de l’armée américaine.

Dans la poursuite de son conflit commercial avec l’Allemagne, Trump a consciemment cherché, avec sa déclaration jeudi à l’appui d’un Brexit « dur », à déstabiliser l’Union européenne. Il a promu des mouvements politiques d’extrême droite, eurosceptiques, dont les dénonciations de la « bureaucratie de Bruxelles » ne sont guère plus qu’une couverture des antagonismes nationaux contre l’Allemagne, la puissance dominante au sein de l’UE.

Mais c’est un jeu dangereux. Stratfor, dans une analyse du sommet de l’OTAN, a averti que l’Europe est un « continent déchiré par les rivalités ».

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