03.07.2018 - Que signifie la grande victoire d’Erdogan aux présidentielles turques ?

Les élections démocratiques produisent souvent des résultats étranges. Le gouvernement actuel de l’Inde n’a remporté que 31 % des suffrages exprimés lors du scrutin parlementaire de 2014, avec un taux de participation de 66 %. Lors d’élections directes, il est très difficile d’obtenir une victoire nette de 50 % au premier tour pour un candidat à la présidence. La part du vote d’Emmanuel Macron n’était que de 24% au premier tour de l’élection présidentielle française de l’année dernière.

Il ne faut donc pas sous estimer l’importance de la magnifique victoire de Recep Erdogan aux élections turques de dimanche, qui a remporté 52,4 % des voix pour sa candidature à la présidence et 53,6 % pour l’alliance électorale de son parti au scrutin parlementaire. Il est évident que la Turquie s’est dotée d’un gouvernement fort et stable pour les cinq prochaines années.

 

Erdogan est un dirigeant fort et affirmé et le mandat de dimanche l’élève à la stature d’un sultan, compte tenu également du fait que la Turquie entre dans un système présidentiel, avec des pouvoirs presque sans faille qui lui sont conférés. La confortable majorité parlementaire devient un atout supplémentaire. Bien sûr, il y a toujours les détails et, dans ce cas, l’alliance au pouvoir tire incontestablement sa force des 11 % de votes obtenus par le Parti du mouvement nationaliste (MHP). Cela a de grandes implications.

Essentiellement, ce qui en émerge est un gouvernement conservateur de droite, à la fois islamique et nationaliste dans son orientation. La plate-forme sociale-démocrate s’est visiblement rétrécie lors des élections de dimanche, la part des voix du Parti républicain du peuple n’atteignant que 22,7 %, ce qui signifie une baisse de son soutien électoral. Les décisions politiques, économiques et sociales du nouveau gouvernement refléteront ce changement majeur.

Le MHP représente la voix forte du nationalisme turc. Le parti a toujours fait preuve d’intransigeance à l’égard du problème kurde. Toute hypothèse selon laquelle Erdogan pourrait changer de cap et, en position de force, opter pour une politique de dialogue et de réconciliation avec les groupes kurdes reste discutable. Il est certain que le MHP n’entraînera aucune dilution de la ligne dure envers le sous-nationalisme kurde et le séparatisme kurde. Et il est difficile de voir Erdogan ennuyer le MHP ou rompre avec son partenaire de coalition dans un avenir prévisible. Erdogan est un pragmatique, mais il comprend aussi la nature du contrat social qui l’a poussé à cette victoire électorale stupéfiante. Les votes du MHP ont contribué dans une large mesure à son propre mandat en tant que président. Les politiques intérieures et étrangères de la Turquie refléteront cette réalité politique.

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