11.06.2018 - Hausse de l’anglicisation des francophones à Montréal

Parmi les populations de langue française du Canada, celle du Québec a longtemps fait exception. D’un recensement à l’autre, le pourcentage de Québécois francophones, langue maternelle, sachant parler l’anglais augmentait, sans affaiblir davantage leur persistance à parler le français comme langue d’usage à la maison.

Dans les autres provinces, l’anglicisation des francophones, c’est-à-dire leur adoption de l’anglais comme langue d’usage au foyer, augmentait à mesure que les francophones devenaient plus bilingues. Normal.

Les sociolinguistes considèrent en effet que les unilingues constituent le noyau dur d’une minorité linguistique. Lorsque ce noyau s’érode, l’assimilation à la langue de la majorité s’accroît.

Malgré que le français y soit encore majoritaire, cette dynamique semble maintenant prendre pied au Québec, notamment dans la région de Montréal. Les francophones y seraient devenus singulièrement bilingues, et le dernier recensement révèle une hausse sensible de leur anglicisation.

La tendance s’esquissait déjà depuis 2001. Après répartition égale des déclarations de langues multiples entre les langues déclarées, les données simplifiées des recensements de 2001, 2006, 2011 et 2016 indiquent respectivement une anglicisation nette de 17 705, 19 740, 21 688 et 29 581 francophones dans la région montréalaise. Assez discrète, donc, entre 2001 et 2011, la tendance à la hausse s’est affirmée sans détour entre les deux derniers recensements.

Cette anglicisation nette de 29 581 francophones en 2016 ne dit pas tout. Il s’agit en fait de la différence entre deux mouvements d’assimilation opposés, qui s’élèvent à 71 990 francophones anglicisés et 42 409 anglophones francisés.

Le recoupement des données des recensements de 1971 à 1991 sur la langue et l’origine ethnique a toutefois révélé que la moitié des anglophones qui adoptaient le français comme langue d’usage à la maison au Québec étaient en fait d’origine française. C’était avant que Statistique Canada ne sabote l’information sur l’origine ethnique en faisant la promotion, à partir de 1996, d’un frauduleux groupe ethnique ancestral Canadian/canadien. Néanmoins, on peut en conclure qu’une bonne partie, sinon la majeure partie des 42 409 anglophones francisés recensés dans la région de Montréal en 2016 continue à ne représenter rien de plus qu’un retour au français de la part d’anglophones issus d’ascendants d’origine française anglicisés dans le passé.

Le même recoupement des données de 1971 à 1991 a confirmé, par contre, que les Québécois francophones qui s’anglicisaient témoignaient d’un mouvement d’assimilation autrement plus authentique : ils étaient presque tous d’origine française. On peut supposer que cela demeure vrai des 71 990 francophones anglicisés énumérés dans la région montréalaise en 2016.

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