10.06.2018 - La paix est un cliché : lorsque l’Occident ne peut pas contrôler le monde sans opposition, cela signifie la guerre

L’Occident aime à se penser comme une « partie du monde qui aime la paix ». Mais est-ce le cas ? Vous l’entendez partout, de l’Europe à l’Amérique du Nord puis à l’Australie, avant de revenir en Europe : « Paix, paix, paix ! » . C’est devenu un cliché, un slogan, une recette pour obtenir des financements, de la sympathie et du soutien. Vous dites « la paix » et vous ne pouvez vraiment pas vous tromper. Cela veut dire que vous êtes un être humain compatissant et raisonnable.

Dédié à mon ami, le philosophe John Cobb, Jr.

Chaque année, des « conférences pour la paix » sont organisées partout où la paix est vénérée et même exigée. J’ai récemment assisté à l’une d’elles en tant qu’orateur principal, sur la côte ouest du Danemark.

Si un poids lourd des correspondants de guerre comme moi y assiste, il sera choqué. Les thèmes de discussion habituels y sont superficiels et choisis pour qu’on se sente bien.

Au mieux, « à quel point le capitalisme est mauvais » et comment « tout tient au pétrole ». Rien sur la culture génocidaire de l’Occident. Rien sur les pillages permanents et séculaires et les avantages que pratiquement tous les Occidentaux en retirent.

Au pire, il s’agit de savoir combien le monde est mauvais – le cliché « les gens sont tous les mêmes ». Il y a aussi de plus en plus de sorties bizarres et mal informées contre la Chine et la Russie, souvent qualifiées par les néocons occidentaux de « menaces » et de « puissances rivales ».

Les participants à ces rassemblements s’accordent pour dire que « la paix est bonne » et que « la guerre est mauvaise ». Ces déclarations sont suivies de grandes ovations et de petites tapes mutuelles dans le dos. Peu de larmes sincères sont versées.

Les raisons de ces démonstrations sont cependant rarement interrogées. Après tout, qui demanderait la guerre ? Qui aurait envie de violence, de blessures horribles et de mort ? Qui voudrait voir des villes rasées et carbonisées et des bébés abandonnés en pleurs ? Tous cela semble très simple et très logique.

Mais alors pourquoi entendons-nous si rarement ce « discours de paix » de la part des pays africains dévastés et toujours colonisés de fait ou du Moyen-Orient ? Ne sont-ce pas eux qui souffrent le plus ? Ne devraient-ils pas rêver de paix ? Ou, peut-être, sommes-nous tous en train de manquer l’élément essentiel ?

Mon amie Arundhati Roy, une grande écrivaine et intellectuelle indienne, a écrit en 2001, en réaction à la « guerre contre le terrorisme » occidentale : « Lorsqu’il a annoncé les frappes aériennes, le président George Bush a dit : “Nos sommes une nation pacifique.” L’ambassadeur préféré de l’Amérique, Tony Blair (qui occupe également le poste de Premier ministre du Royaume-Uni) lui a fait écho : “Nous sommes un peuple pacifique.” Maintenant, nous savons. Les porcs sont des chevaux. Les filles sont des garçons. La guerre, c’est la paix. »

Lorsqu’elle sort de la bouche des Occidentaux, la « paix » est-elle vraiment la paix, la « guerre » est-elle vraiment une guerre ?

Les habitants de cet « Occident libre et démocratique » ont-ils encore le droit de poser ces questions ?

Ou la guerre et la paix, et la perception de la paix, ne sont-elles qu’une partie du dogme qu’il n’est pas permis de contester et qui est « protégé » par la culture occidentale et ses lois ?

Je ne vis pas en Occident et je ne veux pas y vivre. Par conséquent, je ne suis pas sûr de ce qu’ils sont autorisés à dire et à remettre en question là-bas. Mais nous, les chanceux qui sommes « à l’extérieur » et donc pas totalement conditionnés, contrôlés et endoctrinés, nous ne cesserons certainement pas de poser ces questions de sitôt ; ou, pour être précis, jamais !

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