10.06.2018 - Jacques Sapir : «L’Italie fera-t-elle le choix d’une monnaie parallèle ?»

Jacques Sapir analyse la direction que pourrait prendre l'Italie dans la dynamique de son nouveau gouvernement. Le choix par le pays dirigé par Giuseppe Conte de se doter d'une monnaie parallèle pourrait conduire à l'«Italexit», selon l'économiste.

Après de multiples péripéties, et une tentative de coup de force du Président italien, l'Italie s’est enfin dotée d’un gouvernement correspondant au choix des électeurs. Ce gouvernement, dirigé par Giuseppe Conte, entend faire une politique économique qualifié d’hétérodoxe pour sortir son pays de la crise où elle s’enlise. Cette politique pourrait, assez rapidement, s’avérer contradictoire avec le maintien de l'Italie dans l’Euro. Et ce, d’autant plus, que des voix, et non des moindres, se sont faites entendre sur ce point. Car, aujourd’hui, il n’en faut pas douter : le problème de l’Italie est bien l’Euro. Au-delà de la question monétaire, on peut également se demander si ce n’est pas tout simplement l’Union européenne le véritable problème de l’Italie.

La situation actuelle en Italie

En effet, la politique de rachat massif de la dette publique italienne par des organismes publics, la Cassa Depositi e Prestiti (CDP) et Posta Italiana, ranime la possibilité de la mise en œuvre d’un scénario à deux monnaies en Italie. On sait que la question de la dette inquiétait beaucoup certains milieux. Cette possibilité de sortir «en douceur» de la zone euro avait déjà été évoquée à de multiples reprises dans le pays, et en particulier par Silvio Berlusconi. Ces rachats sont effectués, pour ce qui concerne la Poste, par Poste Vita qui est le pôle assurance du groupe. Il faut savoir que Posta Italiana est un groupe qui dispose de beaucoup de liquidités et qui n'est donc pas soumis à la réglementation bancaire. Une explication possible est que le groupe entend ainsi profiter des prix bas, induits par la remontée des taux, pour investir la liquidité dont il dispose. Cette stratégie est aussi certainement liée à l’inquiétude des marchés financiers à la suite des péripéties qui ont entouré la constitution du gouvernement de Giuseppe Conte, soutenu par les deux partis dits «anti-système», le Mouvement 5 étoiles et la Ligue. L’inquiétude des milieux financiers est en effet patente, et la spéculation qu’elle a engendrée a été amplifiée par la décision de la Banque Centrale Européenne de réduire de manière spécifique ses rachats sur le second marché des titres publics italiens, comme l’indiquait ce 1er juin le Financial Times. Ceci a fait l’objet d’une question écrite de deux députés italiens du Parlement européen, Marco Valli et Marco Zanni.

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