27.03.2015 - La Russie a lancé un exercice militaire géant en Arctique

Vendredi dernier la Russie a bouclé un exercice militaire aux proportions démentes dans l'Arctique. L'excursion de cinq jours a engagé 80 000 soldats, 220 avions, 41 bateaux et 15 sous-marins. D'un côté, l'échelle et le cadre de cet exercice sont clairement impressionnants. De l'autre côté, ce qui est beaucoup moins clair, c'est le but de la manœuvre.

Les exercices militaires sont généralement des choses qui vont droit au but, avec un objet direct et précis : s'entraîner à la mobilisation en cas de guerre, s'en servir d'excuse pour déplacer des troupes en grand nombre sans attirer l'attention plus que ça, ou rappeler à vos voisins que vous avez un gros stock de trucs qui peuvent leur péter au-dessus de la tête. Les exercices militaires sont très rarement des événements aux multiples facettes. Il n'y a pas beaucoup d'ordres que vous pouvez à la fois donner à 80 000 hommes, 220 avions, 41 bateaux et 15 sous-marins, et qui font en même temps montre de raffinement et de nuance géostratégique.

Voilà pourquoi cet exercice en particulier est tout à fait déconcertant. Quand on compare ce déploiement à ce qui a été fait par les autres forces militaires du monde dans l'Antarctique, ce que fait la Russie c'est un peu comme si vous vous pointiez à une bataille de pistolet à eau avec un bon gros fusil à pompe.

Comme si vous vous apprêtiez à affronter le Père Noël et ses lutins avec un rapport de dix contre un en votre faveur.

Ajoutez à ça le fait que si vous faites des exercices pour croiser le fer avec quelqu'un, eh ben ça peut aider d'avoir quelqu'un avec qui croiser le fer. Cet exercice s'est tenu dans les coins de la Russie qui sont les plus éloignés du reste du monde, loin de tout territoire contesté en Arctique (de toute façon c'est surtout de l'eau). Imaginez les États-Unis lancer des troupes à l'Est du Mississippi pour un test simulant une ligne de défense jusqu'à la mort pour repousser une invasion amphibie de la pointe de la Floride.

Ceci étant dit, il ne s'agit évidemment pas d'un simple "action-ou-vérité" qui aurait mal tourné au Kremlin. Pour commencer l'Arctique regorge de richesses.

"C'est là que se trouve le futur de la Russie pour ce qui est du pétrole et du gaz, " a dit de la région Malte Humpert, directeur de l'Arctic Institute. "Les autres régions commencent à atteindre leur pic [de production] et à s'assécher. Du coup pour la Russie, il est important de développer des sources de production moins habituelles...La Russie va devoir investir 100 milliards de dollars chaque année dans les secteurs gaziers et pétroliers, simplement pour maintenir leurs niveaux actuels."

On considère que l'Arctique russe est grosso modo cinq fois plus grand que l'Alaska, avec une population totale de seulement 2,5 millions de personnes. Récemment un chapelet de bases militaires y a été positionné par la Russie. Du coup on peut se demander s'il s'agit moins de projeter sa force vers les frontières extérieures, et plus d'asseoir son contrôle à l'intérieur de ses propres terres. "Ce ne sont pas de grosses installations militaires," explique Humpert.

 

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