19.01.2015 - Interview de Giulietto Chiesa : “L’Occident à la croisée des chemins : un lent déclin, ou la guerre mondiale”

 

Interview du journaliste et ex-député européen Giulietto Chiesa par le site The Saker (Italie) à propos de la situation internationale, et notamment sur le conflit en Ukraine et ses conséquences possibles pour l’avenir de l’Europe. Cet entretien est consécutif aux attentats du 7 janvier 2014 contre Charlie Hebdo.


The Saker Italie : Durant les vingt dernières années du XXe siècle, l’opposition trotskyste qualifiait la Russie d’ « État ouvrier dégénéré », et en dénonçait l’absolutisme et la « bureaucratie » tout en appelant les ouvriers à une révolution mondiale non seulement contre la bourgeoisie, mais aussi contre les « bureaucrates » des partis qu’elle assimilait à la bourgeoisie. Aujourd’hui, de nombreuses voix à gauche accusent la Russie d’être devenue un pays fasciste et absolutiste ; ils en dénoncent la structure économique libérale, taxent ses amis de « rouges-bruns » (*), et affirment qu’il faut changer le monde non pas en rééquilibrant les rapports de forces entre [grandes] puissances ou à travers les organisations politiques, mais par des « révolutions » organisées par des mouvements improvisés qui permettraient d’imposer de manière universelle la conception atlantique des droits civils. Y voyez-vous quelques similitudes ?

Giulietto Chiesa : Non. La gauche italienne et celle européenne n’ont pas pris le train en marche. Avec cette façon de revenir en arrière, de lire le catéchisme du passé et les disputes du siècle dernier, le risque est de ne plus rien comprendre à ce qui se passe aujourd’hui. Il n’y a aucune similitude. Établir ce genre de parallèle ne sert à rien, la situation est tellement différente… tout à changé. Et les mots utilisés sont, pour ainsi dire, inadéquat. Avec le temps, le sens des mots a changé, et je pense qu’utiliser les schémas du marxisme-léninisme-trotskysme pour expliquer la situation actuelle est parfaitement inadapté. Je ne sais même pas par où commencer pour réfuter une approche aussi dépassée. Deuxième chose, et pour rester synthétique, je ne pense pas qu’il soit approprié de parler en ce moment de « choc entre impérialismes ». Ce que nous voyons actuellement, ce n’est pas un choc entre impérialismes, mais un affrontement entre l’Empire américain, en plein déclin, et le reste du monde dont la Russie et la Chine sont deux protagonistes importants. Mais pas parce qu’ils seraient impérialistes : simplement parce qu’aussi bien la Russie que la Chine se défendent face à une offensive que l’Empire en déclin a déchainée contre eux. Bien sûr qu’eux aussi sont deux pays capitalistes, mais s’arrêter à cette constatation n’explique rien.

Quant au qualificatif « rouge-brun » pour la Russie, ça me parait être une belle bêtise. C’est mon opinion, je l’ai déjà mise par écrit des dizaines de fois, et je me distingue vraiment de ces positions, que ce soit à droite ou à gauche. Quant à lancer la révolution, j’appellerais au réalisme. Ce seront les peuples, russes, chinois, indiens, qui les feront. Nous Européens sommes [désormais] marginaux et sans influence.

 

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