07.05.2018 - Syrie : entre intoxication chimique et manipulation politique

Le 7 avril 2018, l’Organisme Syrien des Droits de l’Homme (OSDH) et les casques blancs dénoncent depuis la ville de Douma (Ghouta orientale, banlieue de Damas), ce qui semble être un nouveau cas d’attaque chimique. La première ONG évoque des « cas de suffocation après un raid aérien » (1) tandis que la seconde évoque un recours au « gaz de chlore toxique » (2). Accusant le pouvoir Syrien d’avoir une nouvelle fois franchi la « ligne rouge », les Etats-unis, la France et l’Angleterre décident alors d’une intervention militaire pour le sanctionner. Une décision hâtive, qui n’est pas sans soulever quelques questions : une attaque chimique a t-elle vraiment eu lieu ? si oui, quelles sont les preuves permettant d’accuser Assad ? enfin, quel est le but d’une intervention militaire ?

On peut déjà commencer par évoquer les sources, à savoir l’OSDH et la Défense Civile Syrienne (casques blancs). L’OSDH tout d’abord. Créé en 2006 par un opposant au régime Syrien ayant quitté le pays, cet organisme est devenu à partir de 2011 la principale source d’information des médias occidentaux sur le conflit syrien. Basé à Londres, l’OSDH a été financé entre 2011 et 2013 par le Qatar et reçoit depuis 2013 des subventions de l’Union européenne. Mais c’est moins pour son impartialité que pour son manque de professionnalisme que l’organisme est régulièrement sous le feu des critiques : on l’accuse notamment de disposer d’un réseau d’informateurs orientés (voire opportunistes) qui collectent l’information sur internet (notamment sur les pages de groupes politiques, d’unités combattantes de l’opposition ou de partisans du régime) plutôt que sur le terrain ; on l’accuse aussi de publier des données floues et invérifiables (nombre de morts balancés à la volée, valeurs « réajustées » au fil du temps, aucun nom de victime …) ; on l’accuse enfin de romancer ses récits (notamment en accentuant ou en inventant de toute pièce le caractère confessionnel de certains événements) pour chercher à coller aux opinions publiques occidentales (3).

S’agissant de la Défense Civile Syrienne (casques blancs), son histoire bien que plus récente, n’en n’est pas moins intéressante. Créée en 2013 par James le Mesurier (un ancien officier de l’armée Britannique, passé en quelques années du consulting stratégico-militaire à … l’action humanitaire en zone de guerre (4)), l’ONG a depuis fait couler beaucoup d’encre. Notamment à cause de son instrumentalisation par les puissances hostiles au régime Syrien. Formés par l’Akut (une ONG turque spécialisée dans l’aide aux victimes lors de catastrophes naturelles) et par des experts de l’Ark (une société Emirati oeuvrant à « la transformation/stabilisation de conflits … » (5)), les casques blancs ont pu, depuis leur création, bénéficier d’un soutien financier extérieur (Etats-unis, Royaume-uni, Japon, Union européenne …) de plus en plus important (300.000 de dollars en 2013 puis 120 millions sur la période 2014-2017 (6)). Il faut dire que contrairement au Croissant-Rouge syrien et CICR, surtout actifs dans les zones contrôlées par le régime, les casques blancs n’opèrent qu’en zones rebelles. Une aubaine pour canaliser l’opinion publique. En témoigne l’agitation politico-médiatique occidentale autours de l’ONG (7).

Lire la suite sur mondialisation.ca

Ajouter un Commentaire

Veuillez noter que votre commentaire n'apparaîtra qu'après avoir été validé par un administrateur du site. Attention : Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.


Code de sécurité
Rafraîchir