30.04.2018 - Québec — Éducation à la sexualité: des exemptions « très strictes », mais pas pour raisons religieuses

Reprenons et annotons un article écrit par un journaliste professionnel de La Presse, Tommy Chouinard. Notons tout d’abord que l’article ne reprend que les paroles du gouvernement, aucun opposant à cette position n’est appelé à commenter.

(Québec) Un élève pourra être exempté du nouveau programme d’éducation à la sexualité à la condition que la demande de ses parents réponde aux critères « très stricts » qui seront annoncés bientôt.

« Il y aura la capacité de s’exempter », a indiqué le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, lors d’une mêlée de presse jeudi, lorsque questionné pour savoir si la formation sera obligatoire. « Par contre, il y aura un cadre de restriction très strict. Il y aura, et c’est dans mes intentions, une obligation de rencontrer personnellement les gens (qui font une demande). Ce ne sera pas parce que je veux m’exempter que je vais être exempté. »

Il a rappelé que « l’éducation à la sexualité sera donnée dans l’ensemble des écoles du Québec à compter de septembre prochain ». Il a également fait valoir qu’« il y a une grande acceptabilité sociale au retour de ces enseignements ».


Un appel au consensus, assez typique. Le gouvernement avait seriné la même scie lors de l’imposition du seul programme d’ECR malgré des sondages qui indiquaient au contraire que les parents ne voulaient pas de son imposition, mais privilégiaient de loin le choix !

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Mais donc, selon le ministre Proulx, tous devraient être d’accord parce que le gouvernement dit que beaucoup de parents seraient d’accord. Depuis quand cela est-il convaincant ? (Cette majorité est-elle bien renseignée ?) C’est un sophisme, un paralogisme bien connu : l’appel à la popularité, l’argumentum ad populum antique : une idée serait vraie ou bonne parce qu’un nombre important de personnes la considère (ou la considérerait) comme vraie ou bonne... Et même si c’était le cas en quoi cela respecterait-il la pluralité inhérente à une démocratie dans le domaine de la moralité ?

Mais « il y aura des situations où il pourra y avoir exemption, et ce serait très malhabile de ma part d’être capable de les identifier aujourd’hui alors que les critères sont en rédaction ».

Il a donné un seul exemple de demande d’exemption qui serait acceptée, celui d’un enfant qui aurait été victime de violences sexuelles. « Je suis capable de reconnaître qu’en certaines circonstances précises, il n’est pas dans l’intérêt de l’enfant d’être exposé à ces situations, et je pense aux enfants vulnérables », a-t-il dit.

Intéressant. Des parents catholiques demandaient l’exemption au programme ECR pour deux de leurs enfants. Ils avaient été jusqu’en Cour suprême pour défendre ce droit parental. Ce qu’aucun journal n’a rapporté c’est que les parents avaient trois enfants à l’école publique à l’époque. Ils n’ont pas demandé d’exemption pour leur fille grande adolescente à l’époque. Pourquoi ? Parce qu’ils trouvaient qu’elle était assez bien armée pour neutraliser le relativisme du cours. (Voir son témoignage écrit très instructif.) Ils trouvaient que leurs deux garçons étaient moins bien préparés pour ce cours, qu’ils étaient plus vulnérables face à un programme qu’ils considéraient notamment comme relativiste. Leur aîné avait été troublé en classe l’année précédente lors de discussions qui traitaient très librement de la sexualité dans un cours d’« éthique et valeurs humanistes » qui se voulait une transition vers le programme ECR, obligatoire la rentrée suivante. (Rappelons que contrairement à ce que d’aucuns prétendent les écoles québécoises offrent déjà des cours d’éducation à la sexualité intégrés à d’autres cours. Comme le disait le site du Monopole de l’éducation du Québec en janvier 2017 : « Les enfants et les adolescents québécois reçoivent déjà de l’éducation à la sexualité à l’école. Ce qu’ils apprennent varie toutefois d’une école à l’autre. » Désormais, il rappelle que « [d]epuis le début des années 2000, l’éducation à la sexualité est assurée par une variété d’interventions du personnel scolaire. »)

La mère jugeait ses enfants vulnérables. Les procureurs soumirent l’aîné à de longs interrogatoires  lui posant des questions intimes et d’autres liées à la doctrine catholique que ces mêmes vedettes du prétoire maîtrisaient pas... Ils forcèrent même l’aîné à témoigner devant la salle bondée du tribunal de Drummondville au point de faire défaillir le jeune athlète de 1,90 m aux pieds de Me Boucher qui voulait l’interroger et qui ne bougea pas alors le jeune homme se trouvait inconscient à ses pieds... Voir L’aîné des enfants du procès de Drummondville tombe dans les pommes alors qu’on le contre-interroge.

Et si un parent revendique une exemption pour son enfant sur la base de ses valeurs ? « Vous verrez quand on va mettre en place les différentes mesures », s’est-il contenté de répondre.

Et si l’on invoque des motifs religieux ? « Moi, je ne crois pas » qu’une exemption serait alors acceptée. « On n’est pas dans cet exemple-là dans ma réflexion. Maintenant, je vais quand même me conformer et nous obliger à nous conformer aux lois et aux chartes en vigueur. »

Rappelons qu’en 1992, le ministère de l’Éducation de l’époque, Michel Pagé, avait accordé par écrit une dispense de présence en classe aux enfants de parents catholiques qui voulaient enseigner l’éducation à la sexualité par eux-mêmes à leurs enfants :

 

 

« Nous souhaitons un mécanisme qui soit restrictif, je le veux le plus restrictif possible, a-t-il ajouté. Quelqu’un qui dirait “Moi, je ne veux pas que mon enfant ait accès (au programme) parce qu’il a 8 ans et qu’à 8 ans je ne veux pas qu’il ait accès à ça”, à mon avis ce n’est pas une bonne raison. » Les écoles auront la responsabilité d’évaluer les demandes d’exemption sur la base des critères fixés par Québec.

Sébastien Proulx annoncera bientôt « des directives à l’égard de la capacité pour certains de se retirer de ces cours comme il existe dans d’autres formations ». Il a évoqué le cours d’Éthique et de culture religieuse (ECR). Or ce cours est obligatoire.

 

La Cour suprême a rejeté en 2012 la demande de parents réclamant que leurs enfants soient exemptés de ce cours. Elle statuait que cet enseignement ne porte pas atteinte à la liberté de religion. Elle venait ainsi approuver le caractère obligatoire de ce cours.


Résumé de la décision en partie faux, mais bon, les journalistes aujourd’hui collent et copient beaucoup les communiqués gouvernementaux. Ils ne lisent pas les dossiers et n'ont pas assisté aux six différents procès sur le programme ECR.

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